Le Grand port maritime du Havre a réuni ses clients à Paris le 23 novembre. L’occasion pour le port normand de rassurer sur la réforme portuaire et, à l’armateur MSC, de confirmer son arrivée sur les quais de Port 2000.
« La réforme est en marche. Nous voulons réussir avec vous », a commencé le président du directoire du Grand port maritime du Havre (GPMH), Laurent Castaing, lors de la soirée qui s’est déroulée à Paris le 23 novembre. Christian de Tinguy, président des manutentionnaires au Havre, l’a confirmé. Depuis 20 ans, la dernière phase de la réforme entreprise par Jean-Yves Le Drian en 1992 a été attendue par les opérateurs. Aujourd’hui, après le transfert des personnels et du matériel du port vers les sociétés de manutention, la réforme portuaire a connu son dernier épisode. « Le résultat atteint nous satisfait », a continué Christian de Tinguy. Johann Fortier, secrétaire général de la FNPD CGT du Havre, se range aux côtés du président des manutentionnaires. « Tout est réuni pour travailler dans de bonnes conditions. » Pour attester de ce nouvel esprit d’équipe au Havre entre autorité portuaire, manutentionnaires et ouvriers portuaires, Johan Fortier a confirmé vouloir participer activement à « tout ce qui participe à améliorer la productivité du port ». Alors, quand les clients du GPMH s’interrogent sur la pérennité d’un tel « état de grâce », les opérateurs rassurent.
« L’engagement lors de la signature des conventions tripartites le 3 mai nous a fait entrer dans une nouvelle ère. Il y a une volonté commune de faire évoluer le port », a souligné le secrétaire général de la FNPD CGT du Havre. Jean-Louis Le Yondre, président du conseil de développement du GPMH, a rappelé que le port est en phase de reconquête. « La valeur de nos hommes vaut plus que n’importe quel blanc-seing porté au bas d’un document. » Laurent Castaing se veut rassurant dans cette nouvelle approche des relations sociales sur le port. « Nous avons tous le même but. » Et il prend pour exemple la démarche de Roromax. Elle prévoit des réunions entre tous les intervenants pour identifier et apporter des solutions lors de dysfonctionnements sur le terminal. « Nous disons ce qui ne va pas ».
« Il faut ouvrir Port 2000 »
Les clients semblent confiants, à l’image de l’armateur MSC. Stefan Snijders, directeur général de MSC France, est venu confirmer à la tribune la signature d’un accord entre le GMPH et la société TNMSC, appartenant à moitié à l’opérateur Terminaux de Normandie et l’autre à MSC. Cet accord scelle les premiers travaux réalisés sur les postes à quai de Port 2000. « Nous avons mis en route les travaux pour les quatre postes à quai de Port 2000 », a confirmé Stefan Snijders. Les navires de l’armateur italo-suisse sont aujourd’hui opérés sur le quai de Bougainville. Les portiques seront transférés sur les premiers postes de Port 2000 à partir du mois de décembre pour devenir opérationnels dès le mois de janvier. Les derniers seront transférés dans le courant du printemps ou au début de l’été pour que la société TNMSC dispose de ses quatre postes à quai sur Port 2000 en fin d’année. Au total, TNMSC va investir 160 M€ sur ce terminal. Pour le directeur général de MSC France, cette arrivée sur Port 2000 coïncide avec la commande par l’armateur de navires de 16 000 EVP et surtout la mise en place d’accès au transport ferroviaire, élément majeur pour traiter les navires. « L’infrastructure technique est faite. Nous devons aller plus loin dans la fiabilité et la fluidité du port en misant sur l’inventivité dans le port », a continué Stefan Snijders. La construction du centre intermodal pour transborder les conteneurs depuis le maritime vers le ferroviaire va avoir un coût. « Il faut ouvrir Port 2000 aux convois fluviaux pour jouer sur la notion d’estuaire de la Seine », a souligné le directeur général de MSC France. Pour la direction du GPMH, l’ouverture de Port 2000 vers le fluvial doit se faire par des « chatières » sans précisions pour que ce projet ne passe du concept à la réalisation. Pour le président du conseil de surveillance du GPMH, Gilles Fournier, « Port 2000 est prêt pour aujourd’hui, pour demain et pour après-demain. Le centre intermodal est une première réponse au développement des modes de transports alternatifs à la route. » Laurent Castaing a conclu en reconnaissant qu’il existe de nombreuses choses à améliorer, mais « il faut revenir aux fondamentaux d’un port: un service avec un lien efficace et efficient sur l’arrière-pays ».