Sans liaison entre la ligne de fret Rotterdam-Ruhr et le réseau ferroviaire allemand, un million de conteneurs pourrait rester en rade dans le port néerlandais.
Le port de Rotterdam tire la sonnette d’alarme. Risquant d’être pénalisé par le retard du chantier allemand devant assurer la liaison avec la ligne de fret ferroviaire Betuwelijn, le trafic du port néerlandais pourrait être fortement engorgé à moyen terme.
Traînant les pieds depuis le début pour engager ces dépenses, Berlin n’a toujours pas achevé comme prévu la construction d’une troisième voie ferroviaire sur son territoire, nécessaire à l’augmentation des capacités de la Betuwelijn reliant les Pays-Bas à la Ruhr. Pour preuve, ces travaux qui auraient dû être initialement terminés en 2003, puis en 2012, pourraient in fine se prolonger jusqu’en 2018.
De fait, un million de conteneurs risque d’être bloqué dans le port de Rotterdam à l’horizon 2017. « Ces conteneurs devront être transportés par voie terrestre ou fluviale », confirme aussi un porte-parole du port de Rotterdam. Des solutions en forme de pis-aller vu les coûts exorbitants du transport par route et les carences du réseau fluvial allemand pour desservir les régions les plus à l’est du pays.
L’inquiétude est partagée par les autorités du land de Rhénanie du Nord-Westphalie. « Avec l’augmentation du trafic de la Betuwelijn ces prochaines années, de grosses difficultés sont à prévoir dans l’acheminement de fret vers l’intérieur du pays via le port de Duisbourg ou le réseau routier local si ce tronçon n’existe pas », anticipe le ministre des Affaires économiques du land. Pour parer au pire, les autorités locales allemandes ont proposé à Berlin d’avancer les fonds nécessaires pour accélérer le chantier. Une proposition bien reçue, mais pour l’instant sans suite. Et pour cause.
Projet pharaonique, cette voie de fret ferroviaire de 160 km et comportant 7 tunnels traversant les Pays-Bas a coûté 4,7 Md€ aux Néerlandais, soit 2 Md€ de plus que prévu. Outre ces dérapages budgétaires, l’exploitation de la ligne a démarré avec deux ans de retard sur l’horaire prévu, pour des raisons techniques.