L’ouverture en 2014 des écluses aux nouvelles dimensions du canal de Panama va bouleverser les échanges maritimes. L’imminence de cette échéance incite les ports à s’imposer comme plate-forme de transbordement. Un défi que le port de la Martinique veut relever par des travaux d’extension de son terminal de la Pointe des Grives.
« Une révolution maritime qui définira les échanges des 50 prochaines années », indique Manuel Baudoin dans une plaquette sur les travaux du port de Fort de France. Cette révolution, c’est l’ouverture en 2014 du canal de Panama pour les navires allant jusqu’à 12 500 EVP. Dans ce contexte, le besoin de plates-formes de transbordement deviendra vital. Pour devancer l’appel, le gestionnaire du port de Fort de France se lance dans un programme d’investissement de grande envergure. Après la réalisation en 2006 d’une étude sur les évolutions des flux maritimes à l’aune du nouveau canal de Panama, Fort de France doit jouer ses atouts pour s’imposer. « Nous devons relever le défi de cette révolution », souligne Manuel Baudouin, président de la CCI de Martinique.
Le gestionnaire du port présente alors les deux extensions possibles du terminal de la Pointe des Grives: l’une à l’est, l’autre au nord. L’extension sur la partie est du terminal permet une rationalisation de l’utilisation du terminal. Cette partie sera aménagée sous forme triangulaire pour passer la capacité du port de 2 750 à 3 800 slots. De plus, le quai sera étendu de 180 mètres linéaires à 310 mètres linéaires. Une grue mobile viendra compléter le dispositif. Un investissement estimé à 16,7 M€. La seconde partie du développement du port martiniquais sera réalisée au nord du terminal. Elle vise à allonger le quai principal de 190 mètres linéaires, de doter le terminal de 9 ha supplémentaires et d’acquérir un quatrième portique. Des travaux dont le montant avoisinent les 48,5 M€.
Dans son programme, la CCIM met l’accent sur l’urgence de la première phase à réaliser, l’extension est du terminal. « Elle doit être réalisée dans les meilleurs délais pour que Fort de France puisse commencer à prendre un rang comme plate-forme pour le transbordement », souligne les services du port. Dès sa réalisation, cette extension permettrait l’accueil de 270 000 EVP par an dont 120 000 boîtes transbordées. L’extension sur le nord du terminal est relayée au second plan. Elle deviendra urgente quand la taille des navires opérant sur le terminal dépassera un seuil ou que le transbordement explose.
Les services portuaires de la CCIM sont confiants dans leur projet. Ils écartent d’emblée l’augmentation des tarifs de passage portuaire pour le financement et préfèrent miser sur des participations d’autres intervenants comme le Feder ou la Région.
En plaçant le terminal de la Pointe des Grives dans la compétition des hubs régionaux de la Caraïbe, les services du port veulent « valoriser certains savoir-faire à forte valeur ajoutée ». Pour cela, le port aura besoin d’entrepôts. « Nous devons desserrer la contrainte foncière et pour ce faire optimiser l’utilisation de toutes les surfaces disponibles dans et hors le port à proximité du terminal comme les terrains de l’Hydrobase et de la pointe des Carrières, et relier le terminal à ces zones logistiques par une voie dédiée », précisent les services du port. Outre son aspect économique, le projet vise à maintenir la « paix sociale » en fédérant l’ensemble des acteurs portuaires.
En 2010, le port de Fort de France a traité 152 000 EVP, en hausse par rapport aux deux années précédentes mais toujours en retard sur le score réalisé en 2004. L’essentiel de ce trafic est lié à l’activité domestique, le transbordement est de 10 000 EVP, soit 1,5 %.