Jakarta rêve de rivaliser avec Singapour

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« La crise financière mondiale? Je ne comprends pas de quoi vous parlez », sourit Yan Budi, porte-parole de l’autorité portuaire de Jakarta, en réponse à la question sur les retombées de la crise sur la santé économique du port. « Nous ne connaissons pas vraiment ce problème », éclaircit-il. Les autorités du port de Jakarta semblent loin de la morosité des économies européennes. Les chiffres affichés, s’ils ne témoignent pas sur ces dernières années de hausse spectaculaires, sont tout de même positifs.

À l’image de la conjoncture indonésienne, le port de Jakarta signe une belle croissance à deux chiffres pour le premier trimestre 2011. Un chiffre qui corrobore avec celui du produit national brut qui augmente de 6, 2 % en 2010.

Déjà pour l’année 2010, le site a enregistré un maintien significatif de ses volumes: 40 Mt de marchandises manufacturées, avec 12 Mt de marchandises importées et plus de 4 Mt de marchandises exportées.

La majorité des marchandises qui transitent par le port de Jakarta sont des textiles, des produits électroniques et des pièces détachés pour les véhicules automobiles. Et « l’année 2011 s’annonce très positive », remarquent, confiantes, les autorités portuaires.

Le nombre de navires accueillis par le port de Jakarta s’envole littéralement, passant de 23 Mtpl pour le premier trimestre 2010 à 27 Mtpl pour la même période en 2011, soit une augmentation de 4 139 à 4 470 navires.

Le trafic conteneurisé enregistre une progression de 16 %, passant de 1 MEVP pour le premier trimestre 2010 à 1,2 MEVP pour le premier trimestre 2011. Même tendance pour les vracs liquides qui augmentent de 28 % à 889 900 t cette année. Les vracs secs connaissent, eux, une diminution réelle de 36 % à 688 841 t sur le premier trimestre 2011.

Des résultats en hausse, également pour les marchandises conventionnelles. Les marchandises conventionnelles extérieures connaissent une croissance robuste à 4,9 Mt au premier trimestre 2011 là où le port n’enregistrait que 4,1 Mt pour la même période en 2010 soit une croissance de 18 %. Plus impressionnant encore sont les marchandises conventionnelles domestiques passant de 4,8 Mt en 2010 à 6,4 Mt en 2011, soit 31 % d’augmentation.

Une embellie qui ne saurait faire oublier les difficultés structurelles que rencontre le port de Jakarta.

« Nos infrastructures sont encore limitées. La qualité de nos ressources humaines, de nos employés est aussi largement inférieure à celle du port de Singapour. Nous ne pouvons pas rivaliser », reconnaît le porte-parole de l’autorité portuaire. Pourtant, Yan Budi a le sourire. Dans deux mois commence la construction du nouveau terminal qui devrait permettre de régler les problèmes de trafic. Le gouvernement indonésien qui finance le projet a déboursé 1 M$.

« En 2017, le nouveau terminal appelé Kalibaru sera opérationnel. Aujourd’hui, nos capacités plafonnent à 4 MEVP sur un an. Avec le nouveau terminal, nous pourrons atteindre les 8 MEVP par an », assurent les responsables du port. Disposant aujourd’hui de trois terminaux pour les conteneurs, le port de Jakarta emploie 2 000 personnes. Les autorités comptent bien augmenter sensiblement ce chiffre avec le nouveau terminal. « Mais nous devons aussi rationaliser notre méthode de fonctionnement. Pour cela, nous lançons un grand chantier de formation de notre personnel », explique Yan Budi.

Autre défi pour le port de Jakarta en 2011: passer d’un système de traitement des données encore manuel à un système de gestion informatisé. « Aujourd’hui, la plupart de nos activités (plus de 50 %) sont gérées et enregistrées de manuellement. Nous devons réduire le temps de travail, et pour ce faire, l’an prochain, nous allons implanter le e-office. » Objectif affiché: alléger les coûts, mais aussi réduire le contact de personne à personne, en face à face.

Derrière cette avancée technologique évidemment nécessaire, il y a aussi et surtout la nécessité de lutter contre la corruption qui gangrène les activités des ports indonésiens. « Nous devons changer notre culture d’entreprise », résume Yan Budi.

Un changement qui doit intervenir rapidement car cette corruption ralentit considérablement les activités d’importation en Indonésie. Les entrepreneurs français le disent à mots couverts, « les marchandises restent bloquées pendant des semaines » malgré l’accord de service signé par le port de Jakarta qui l’engage en termes de temps.

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