En France, aujourd’hui, 400 Mt de granulats (sable, gravillons, cailloux) sont nécessaires chaque année pour répondre aux besoins de la collectivité et construire des bâtiments publics ou privés, des voies de communication, etc. Il en fallait 200 Mt il y a 30 ans. Ce matériau de première nécessité a longtemps été exploité au cœur même de la cité, puis dans ses abords immédiats pour ensuite s’en éloigner progressivement. Les conditions d’accès à cette ressource se sont également fortement durcies, en lien notamment avec la volonté de protéger l’environnement, relève l’Union nationale des producteurs de granulats (UNPG). Aussi, alors que les besoins en granulats se maintiennent à un niveau soutenu, la diminution du nombre de sites en exploitation se poursuit. Un phénomène qui conduit à éloigner les lieux de production des zones de consommation. Ces évolutions ont conduit l’UNPG à conduire « une démarche prospective » dont les résultats sont présentés dans un Livre blanc. Ce dernier présente notamment 22 propositions « pour relever le défi de continuer à approvisionner les marchés du BTP dans des conditions acceptables par la collectivité et l’environnement d’ici 2030 ». Parmi les propositions de l’UNPG figure la volonté de « développer les transports alternatifs à la route ». Les matériaux de construction représentent actuellement un tiers des marchandises transportées par la voie d’eau en France.
Des conditions nécessaires
Maintenir ce niveau, et, si possible, aller plus loin, implique différentes conditions, selon l’UNPG. Par exemple, il faut « maintenir des gisements au bord ou à proximité directe des voies navigables et préserver le patrimoine foncier réservé aux activités granulats sur les zones portuaires face à la concurrence accrue d’autres filières potentiellement plus rémunératrices (conteneurs, déchets, etc.) ». L’UNPG réclame également une « amélioration du rendement des bateaux et de leurs performances environnementales ». En ce qui concerne le ferroviaire, l’UNPG souligne que « la capacité de transport des matériaux de construction par voie ferrée est aujourd’hui sous-exploitée. Seulement 3 % de la production de granulats transitent aujourd’hui par ce mode alors qu’il présente de nombreux avantages pour le transport des pondéreux ». Pour augmenter ce pourcentage, l’UNPG appelle à « maintenir les Installations terminales embranchées (ITE), développer les Opérateurs ferroviaires de proximité (OFP), optimiser les ruptures de charge et accompagner l’arrivée de nouvelles compagnies ferroviaires ». Pour faire avancer ces projets concernant le fluvial, le ferroviaire et les granulats, l’UNPG entend travailler avec les principaux acteurs de ces deux modes comme Voies navigables de France, Entreprendre pour le fluvial, les syndicats professionnels de la batellerie, les ports intérieurs ou encore Réseau ferré de France.
Vers un contrat de performance entre le Syctom et VNF
Le Syctom assure le traitement des déchets ménagers et assimilés de 84 communes réparties dans 5 départements de la région parisienne (Paris, Hauts-de-Seine, Val-de-Marne, Seine-Saint-Denis, Yvelines). Dans son rapport d’activités pour l’année 2010, publié fin juillet, cet établissement public administratif annonce la préparation d’un contrat de performance avec Voies navigables de France (VNF) « visant à développer le transport fluvial de déchets ». En contrepartie de l’engagement du Syctom de poursuivre sa politique d’évacuation des flux par la voie d’eau, VNF devrait lui apporter un « appui technique » (études, bonnes pratiques, etc.) Une « réflexion conjointe est aussi prévue sur les éventuelles améliorations du réseau navigable et des équipements de transport ». Par ailleurs, au cours de l’année 2010, le Syctom a effectué des tests de transport fluvial de vieux cartons pour approvisionner les repreneurs de l’activité des Papeteries de la Seine à Nanterre. Un trafic fluvial régulier d’un potentiel d’environ 20 000 t pourrait être mis en place en 2012. Depuis 1995, l’utilisation des modes alternatifs est une « priorité stratégique » du Syctom aussi bien pour le transport des déchets ou matières recyclables que pour l’implantation de ses sites industriels et le choix de ses partenaires. En 2010, la quantité de déchets ou de matières recyclables expédiés par barge a atteint près de 360 000 t, soit une augmentation de 1 % par rapport à 2009 et un doublement par rapport à 2001. Les mâchefers représentent près de 70 % des marchandises transportés par barge par le Syctom. Viennent ensuite les encombrants, les journaux/revues/magazines (JRM), les plastiques, les cartons et les bois broyés.