L’annonce du lancement du dialogue compétitif pour le projet de canal à grand gabarit Seine-Nord Europe, le 5 avril dernier par le président de la République, Nicolas Sarkozy, donne des ailes aux partisans des autres liaisons. Plusieurs intervenants, lors de l’assemblée générale de l’association Seine-Moselle-Rhône, ont ainsi souligné que cet événement ainsi que « la concrétisation de la réforme portuaire constituaient deux éléments d’actualité favorable au projet Saône-Moselle ». Pour Jacques Trorial, président de l’Association pour le développement des ports français, « le regain d’intérêt des ports maritimes pour le transport fluvial doit se concrétiser aussi par de nouveaux investissements ». Le débat public sur Saône-Moselle et Saône-Rhin, programmé pour l’année 2012, a aussi été évoqué au cours de la réunion. Pour Jean-Pierre Masseret, président du conseil régional de Lorraine, la tenue d’un débat public doit permettre de « partager avec les populations les finalités et les différents intérêts du projet ». Pour André Rossinot, président de la communauté urbaine du Grand Nancy et de l’association Seine-Moselle-Rhône: « Le débat public devra former les populations concernées sur les avantages du futur canal, sur les différents usages de la voie d’eau comme le transport ou l’alimentation en eau. » André Rossinot estime aussi que le futur débat public ne devrait envisager une connexion Saône-Rhin que pour autant qu’elle soit compatible et rattachée à la liaison Saône-Moselle pour en faire un projet cohérent avec les intérêts national et européen. De son côté, Patrick Legrand, vice-président de la Commission nationale du débat public (CNDP) a précisé que les échanges seront « un moment fort de démocratie participative permettant d’enrichir le projet ». Les différentes études au débat public sont en cours de réalisation sous la houlette du maître d’ouvrage, Voies navigables de France (VNF). Lors de la réunion annuelle de l’association, Alain Gest, président de l’établissement, a envisagé le lancement d’une étude de contexte fondé sur la réalisation de 120 interviews. Il a aussi fait preuve d’optimisme pour la concrétisation du projet de liaison, en misant sur la nouvelle impulsion que connaît le transport fluvial pour surmonter les défis techniques et construire le financement proche des 12,5 Md€. Les projets Saône-Moselle et Saône-Rhin devraient également bénéficier de l’expertise et de l’expérience capitalisée par VNF depuis le début du lancement du projet Seine-Nord Europe.
Une dimension européenne
Pour les membres de l’association, le projet Saône-Moselle comprend aussi une dimension européenne, « à l’heure où le centre de gravité du Vieux Continent se déplace à l’Est ». Saône-Moselle doit éviter que la France ne se trouve marginalisée ou mise à l’écart des grands flux d’échanges de marchandises entre Banane bleue et arc méditerranéen. D’un point de vue plus local, la liaison devrait aussi favoriser un rééquilibrage de l’aménagement du territoire à l’ouest des Vosges. Dans ce cadre, la réalisation d’une plate-forme multimodale/multisite localisée le long de la Moselle entre Nancy-Frouard, Metz-la-Maxe et Thionville-Ilange devient une priorité tout comme une future gouvernance unique des ports intérieurs en Lorraine.