Avec un trafic global en hausse de 14 % au premier semestre 2011, le port de Sihanoukville, le plus grand du Cambodge, a le vent en poupe. Les mouvements de conteneurs, en augmentation de 8,6 %, à 112 594 TEU, illustrent l’industrialisation et l’urbanisation d’un pays dont l’économie croît d’environ 9 % par an: le port enregistre une forte croissance de ses expéditions de textile et de ses arrivages de machines-outils, de véhicules et de matériaux de construction. L’autre grand moteur de Sihanoukville s’appelle la Chine, de plus en plus présente au Cambodge. Pékin importe en particulier du charbon cambodgien: près de 95 000 t par mois en 2011, + 49 % par rapport à 2010. Concernant le bois d’acacia: 25 t par jour pour le seul Greenrich Group, société chinoise exploitant des concessions forestières au Cambodge, un chiffre qui devrait doubler à terme, révèle le quotidien Phnom Penh Post. Des minerais, comme le fer et le manganèse, dont des gisements importants ont été découverts par des prospecteurs chinois, pourraient bientôt compléter ces flux sino-khmers.
Le port de Sihanoukville devrait être prochainement introduit à la toute nouvelle Bourse de Phnom Penh, et trouver là quelques ressources financières pour adapter ses capacités à l’augmentation de son trafic. Reste qu’un obstacle de taille freine le développement de Sihanoukville: la médiocrité de ses connexions routières et ferroviaires avec le reste du pays, en particulier avec la capitale, Phnom Penh. La voie ferrée entre Phnom Penh et Sihanoukville, exploitée par l’Australien Toll, qui a obtenu la concession du réseau ferroviaire cambodgien en 2009, doit être réhabilitée par le Français TSO, sous la houlette de la Banque Asiatique de Développement. Mais à la suite de diverses difficultés d’ordre juridique et financier, les travaux avancent très lentement. De surcroît, le chemin de fer ne va pas, à ce jour, jusqu’au port lui-même. Un prolongement est programmé, mais pas encore financé. « Cela se fera, mais il faut être patient », estime un connaisseur du dossier. Peut-être via la crainte d’un détournement de trafic? Le port d’Hochiminh-ville attire d’ores et déjà une partie du fret cambodgien, convoyé par barges sur le Mékong et ses affluents. Un projet de chemin de fer Phnom-Penh – Hochiminh-ville, à l’étude, rendrait probablement, s’il se concrétisait, le grand port sud-vietnamien encore plus attractif. De quoi inciter les Cambodgiens à réagir?