L’assemblée générale de l’Unim (Union nationale des industries de la manutention) s’est tenue à Paris le 23 juin. Après la signature de la convention collective nationale unifiée et du détachement des salariés, l’Unim fait un bilan de cette réforme et se projette vers l’application dans les ports régionaux et en outre-mer.
« Nous sommes au commencement de cette réforme », a indiqué Christian Paschetta, président de l’Unim, lors de l’assemblée générale qui s’est déroulée à Paris le 23 juin. Le moteur de la réforme aura mis presque quatre ans à démarrer. « Les entreprises françaises de manutention sont comparables à celles d’Europe du Nord dans l’organisation du travail. »
Dans la présentation de son rapport annuel, Xavier Galbrun, délégué général de l’Unim, a retracé les grandes lignes de l’entrée en vigueur de ce texte le 3 mai. Rappelant les grandes dates depuis 2007, aboutissement de la prise de conscience des pouvoirs publics de la nécessité de réformer l’organisation du travail sur les quais, il pose l’avenir: « Sommes nous parvenus aux termes de la refondation des ports? » La réponse est « qu’avant tout, nous ayons désormais une clarification des tâches dans les ports en sachant qui fait quoi », a souligné Xavier Galbrun. Si les manutentionnaires se félicitent de l’aboutissement du processus législatif et réglementaire de cette réforme, il convient maintenant de « réinventer les relations de travail entre les partenaires patronaux dans le cadre de la nouvelle convention collective », a continué Xavier Galbrun. Et Christian Paschetta a été plus loin en rappelant que les ports doivent désormais jouer plus le rôle d’aménageur. « Nous devons jeter les bases de nouvelles relations. Il importe que nous soyons en synergie entre l’Unim et l’UPF (Union des ports de France, organisation patronale des autorités portuaires). » La crainte du président de l’Unim est de voir des ports « se rattrapper sur le domanial quand ils ont perdu l’outillage ». Une fonction souvent déficitaire dans les ports maritimes, nous ont confié des responsables de port qui voient dans la réforme la possibilité de « lâcher » une division déficitaire pour un meilleur bilan financier. Et Michel Aymeric, directeur du cabinet du secrétaire d’État aux Transports, Thierry Mariani, s’est voulu rassurant. « Le rôle des ports est de créer un environnement favorable pour les entreprises tout en respectant certains équilibres. »
Jeter les bases d’une nouvelle relation avec l’UPF
La nouvelle organisation doit permettre aux ports de développer leur trafic. Mais cette réforme a aussi un coût. Les différentes mesures sociales, notamment la pénibilité, vont directement impacter les comptes de résultat des sociétés de manutention. De plus, le passif social des salariés détachés dans les entreprises de manutention se reportera sur les sociétés privées. « Nous avons sollicité l’État », répond Christian Paschetta sans pouvoir donner aujourd’hui la réponse.
Ensuite, le détachement de bon nombre de salariés depuis les établissements portuaires vers les entreprises de manutention a mis ces dernières dans des situations de sureffectif. Une réponse est alors de mettre en place une polyvalence entre les fonctions des portiqueurs et des dockers. « Nous avons besoin de temps pour cela et nous disposons d’un accord port par port pour gérer le sureffectif », continue le président de l’Unim. Un sureffectif global, des trafics qui peinent à redécoller et une confiance des clients à retrouver sont autant de paramètres qui jaugeront de la réussite de cette évolution.
Les ports des DOM
Le commencement de la réforme dans les Grands ports maritimes ne clôt pas pour autant le sujet. Les autres ports français, qu’ils soient départementaux ou régionaux, sont aussi soumis à la convention collective unifiée. « La grande diversité des ports régionaux nous amène à nous interroger aujourd’hui sans que nous ayons encore trouvé une réponse unique », convient Christian Paschetta. Des groupes de travail sont constitués pour « trouver le plus petit dénominateur commun à tous ces ports », confie Xavier Galbrun. Ces ports régionaux sont désormais assujettis à la convention collective unique mais ne tirent pas forcément tous les avantages de la réforme. Autres ports mais problème identique, les ports des DOM vont aussi entrer dans une phase de restructuration de leur gouvernance. Les trois ports de La Réunion, de la Guadeloupe et de la Martinique sont concernés par cette évolution. Selon le président et le délégué général de l’Unim, la solution doit se faire en fonction de la situation du port, il n’existe pas de solution unique. Le dernier Cimer, qui s’est tenu à Guérande le 10 juin, a annoncé le début de la procédure de l’application de cette réforme avec un bémol, le détachement des personnels des ports vers les sociétés privées.
La réforme portuaire est passée de la phase de conception à celle de la réalisation. L’an 1 des ports français sera crucial.