Des navires à quai et des entrepôts dans lesquels on devine des monticules de pâte à papier. Entre les deux, un train de 21 wagons autour duquel s’activent les transpalettes. Ils y chargent 1 800 tonnes de pâte à papier qui vont partir pour Vienne, dans la région lyonnaise. À partir de cette plateforme, la pâte à papier sera répartie entre les clients de la Cogemar dans la région Rhône-Alpes.
« Ce train, c’est l’équivalent de cinquante camions par semaine qui ne seront plus sur les routes », souligne Nicolas Gauthier, le directeur du Grand port maritime. L’Opérateur ferroviaire portuaire, créé en octobre dernier, a obtenu de Réseau ferré de France un « sillon », c’est-à-dire un créneau horaire sur le réseau national. 900 km sont ainsi parcourus chaque semaine par le train d’Euro Cargo Rail.
Le train, qui quitte La Pallice chaque mardi depuis janvier, a été inauguré en mai. Pour l’instant, ces « sillons » sont achetés de semaine en semaine par l’OFP, chargé par la Cogemar de l’acheminement du train. Même si le système fonctionne, l’OFP espère obtenir un sillon régulier et fixé pour l’année. Mais des travaux, actuellement en cours sur le Réseau ferré de France, rendent cette possibilité difficile à mettre en place pour le moment. « Nous avons encore assez peu de flexibilité pour utiliser le réseau », regrette Philippe Guillard, président de l’OFP. « Une heure de retard peut se traduire par un retard de 24 heures à l’arrivée. »
Pour la Cogemar, filiale de Bolloré Logistics, ce train s’inscrit dans son souci d’appliquer une politique de développement durable et de « préserver l’environnement et les ressources naturelles, tout en assurant la croissance économique. » En diminuant l’empreinte écologique liée au transport, Bolloré Logistics compte améliorer la qualité de ses services et appliquer une réglementation de plus en plus contraignante en matière environnementale. « Avec le transfert des marchandises de la route au rail, nous diminuons de 78 % les émissions de gaz carbonique sur ce trajet. Cela représente 3 300 t de carbone en mois par an. » Ce transfert route/rail a d’ailleurs été validé par l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. Le train hebdomadaire permet aussi de sécuriser l’approvisionnement des papeteries de Rhône-Alpes, la régularité et la fiabilité des livraisons, ainsi que la stabilité des prix.
« Nous avons la conviction que le développement du fret ferroviaire est un atout pour le port et ses clients », assure Nicolas Gauthier. Lui voit plusieurs autres avantages encore à cette ligne régulière. D’une part, elle permet de proposer aux clients du port des solutions alternatives au transport routier. Elle contribue à étendre l’interland de La Rochelle. Et enfin, grâce à elle, le port conforte son trafic de pâte à papier, activité sur laquelle il détient déjà la première place nationale et qui est toujours en développement. La ligne ferroviaire à elle seule permettra d’en acheminer 50 000 tonnes par an.