Le port de Zeebrugge aborde cette nouvelle décennie avec confiance, sentiment que la faible prestation du premier trimestre (+ 1,7 %) n’a pas entamé. D’importants investissements en cours et projetés, tant dans l’avant-port que l’arrière-port, devraient contribuer à développer de nouvelles perspectives. Ce qui est déjà quasi certain, c’est que le cap des 50 Mt sera dépassé (49,8 Mt en 2010) cette année.
Cette confiance réside dans les mutations qui sont survenues dans les trafics qu’a traîté le port ces dix dernières années. En effet, Zeebrugge, déjà connu en tant que port rapide pour trafics short sea et ferries, est également devenu un port deepsea pour lignes régulières.
En 2001, le trafic européen a représenté 23,7 Mt, soit 22 % pour l’Europe et 78 % pour le Royaume-Uni. En 2010 il s’est agit de 29,4 Mt, dont respectivement 41 % et 59 %. Il y a dix ans, l’Irlande est intervenue avec 1 %, le Royaume-Uni 78 %, le Nord/Benelux 4 % et la Scandinavie 10 %. L’année dernière, l’Irlande est intervenue avec 3 %, le Royaume-Uni 59 %, le Nord/Benelux 2 %, L’Espagne 5 %, la Scandinavie 14 %, la Russie 2 % et la Turquie 2 %. Mutations également à l’échelle des trafics mondiaux. En 2001, ce trafic a représenté 32 Mt, soit 6 % pour l’Asie, 74 % pour l’Europe, et les autres destinations/origines 11 %. En 2010 ce trafic a évolué vers 49,6 Mt, dont 30 % pour l’Asie, 59 % pour l’Europe et 11 % pour les autres destinations/origines.
Comme l’a déclaré dernièrement Joachim Coens, président du port, fonction qu’il assume depuis dix ans, une vaste diversification des trafics s’est manifestée. Le port côtier belge s’est imposé dans le domaine des trafics automobiles et la logistique qui s’y rapporte. L’année dernière, la reprise dudit secteur est intervenue, de sorte que ce trafic a atteint 1,6 million d’unités, ce qui est encore loin du record de 2007: 2,20 millions d’unités. Près de 40 % des voitures sont de marques japonaises.
La progression la plus importante s’est effectuée dans le secteur des conteneurs. De 850 000 EVP, ce trafic est passé à 2,5 millions d’unités en 2010 (+ 7,5 %), soit 53 % du trafic maritime global. 30 % de ce trafic est traité en transroulage. Le premier trimestre 2010 s’est traduit par un fléchissement (− 2,9 %) qu’explique la disparition d’un service asiatique. Et tout récemment, Zeebrugge a perdu la double escale du service direct Femex (Grèce-Turquie) passé à l’échelle du service FAL 1 qui aligne des unités de 11 300 EVP. Les transbordements se font à Malte. Une partie de ce trafic est reprise par le service Épic qui touche Anvers. Des incidents de parcours qui devraient être rapidement compensés. Le port dispose actuellement de trois terminaux à conteneurs dans son avant-port. Il y a le terminal CHZ (PSA/35 % CMA CGM), dont le quai (8 portiques) voit sa profondeur portée à 18 m. Dans la darse Albert II se trouve d’un côté le site de l’APM Terminal Zeebrugge (7 portiques), dont le quai sera prolongé de 1 300 m. Sur l’autre versant se trouve le nouveau terminal de PSA, Zeebrugge International Port, équipé de 4 portiques super post-panamax qui n’a pas encore une clientèle fixe. Selon le président Joachim Coens, le port dispose désormais dans cette darse d’une capacité annuelle qui va passer de 2,5 MEVP à 5 MEVP. Il préconise la poursuite de l’adaptation aux plus grands porte-conteneurs, ce qui implique la nécessité de dépasser une accessibilité à 14,50 m de tirant d’eau, ceci afin de faire face à la concurrence de Rotterdam.
La stratégie du développement concerne notamment le renforcement des positions dans les secteurs de la logistique et de la distribution. S’y ajoutent d’importants investissements sur le plan des dessertes ferroviaires, routières, et la volonté d’accentuer le désenclavement fluvial, la technique de la navigation d’estuaire ne suffisant pas. Au chapitre des diversifications de trafics figure la mise en service par ICO (NYK) d’un terminal pour conventionnel/breakbulk.
En ce qui concerne le projet d’une extension avec un nouveau terminal méthanier, le président Coens fait preuve de prudence. Rotterdam va réaliser un tel terminal, Dunkerque également. Il y a donc un risque de surcapacité.
