Fernand Huts, président de Katoen Natie, longtemps considéré comme l’enfant terrible de la manutention anversoise, vient de réaliser un coup de maître. Il y a quelques années, ce manutentionnaire avait des ambitions dans le domaine de la manutention de conteneurs. Lors de la fusion entre la Hessenatie et la Noordnatie, les deux grands spécialistes de l’époque, il a préféré s’abstenir et n’a pas pu accéder aux concessions pour les nouveaux terminaux à réaliser. D’autant plus que le port a été soucieux d’attirer des manutentionnaires de gabarit mondial. Il a probablement été bien inspiré, car une intégration dans ce groupe de leaders l’aurait à terme placé sous l’emprise d’intérêts de Dubai ou de Singapour. Il a préféré garder son étiquette anversoise, et surtout son indépendance.
Entre-temps, il est devenu le numéro un mondial de la manutention portuaire axée sur la logistique industrielle, qu’il s’agisse de la chimie/pétrochimie, de l’industrie automobile ou encore de la distribution de produits de consommation. Ces activités, qui impliquent également expédition, stockage, transport et distribution, sont exercées à Anvers via d’autres terminaux, à Gand et à l’étranger. KTN est présent, outre le Benelux, en Allemagne, en Espagne, en Estonie, en Pologne et en France où le groupe est notamment actif à Marseille, Rouen et Le Havre. Il vient d’ailleurs de reprendre le terminal Roll Manutentions Services en bordure de Seine. KTN est également présent en Asie, au Moyen-Orient, en Amérique du Nord et du Sud (au Mexique), exploitant un terminal à conteneurs à Montevideo et également en Afrique du Sud et dans certains pays de la COA.
Un grand terminal polyvalent
Dans le secteur de la manutention de diverses à Anvers, KTN exploite dans la zone portuaire de la rive gauche, en bordure de la darse de Vrasene, un grand terminal polyvalent équipé de portiques à conteneurs, installation qui traite des trafics de conventionnel, de conteneurs, de voitures et autres. La reprise de l’entreprise Abes (CA, 26 M€; CA en diverses, 60 M€) et de sa filiale Abes Marine en Marine Multimodal va permettre au groupe de développer ses activités. Ce terminal, qui s’étend sur 2 km de quai à la cinquième darse, présente une superficie de 193 000 m2 et des entrepôts de 55 000 m3. On y trouve une CFS, un pont-bascule de 60 t.
Ce manutentionnaire a traité 600 navires l’année dernière et un trafic de 2,3 Mt (+ 5 %) composées de fers et aciers, projets, machinerie, colis lourds, de conventionnel et de vracs secs. À cela s’ajoutent 3 000 conteneurs. La manutention quai/navires et inverse a recours à une batterie de 7 grues mobiles dont les capacités vont de 60 t à 100 t. Le rail est présent sur site. Abes s’est spécialisée dans les services sur mesure s’inscrivant dans le cadre de chaînes logistiques.
L’intérêt de cette reprise réside également dans le fait que, de l’autre côté de la route longeant ce terminal, se trouve un terminal de KTN équipé de batteries de silos. Une synergie sera donc développée entre les deux installations.
Selon les dernières informations, le CEO d’Abes, Ivan Hollanders, restera en poste, et l’intention est de maintenir le nom de l’entreprise, du moins pour l’instant.
Avec l’apport d’Abes, KTN devrait représenter à Anvers, toutes activités portuaires confondues, un trafic annuel de plus de 11 Mt.
