La communauté urbaine de Strasbourg (CUS) a renoncé fin 2010 à son ambitieux projet d’acheminement de déchets par voie d’eau. Un projet qui visait à reporter 40 % des tonnages annuels de déchets (70 000 t) de la route vers le réseau à petit gabarit. Pour VNF, partenaire aux côtés de la CUS et du Port autonome de Strasbourg, il s’est agi d’une occasion unique de développer le transport de déchets sur les canaux Freycinet, dans la foulée de l’expérimentation d’un transport de pièces métalliques entre le site PSA Peugeot-Citroën de Mulhouse et Sept-Fons (Allier).
Après une étude technique très poussée confiée au cabinet Elcimaï et des essais de chargement/déchargement réalisés par le Port autonome, le verdict a été sans appel: « La distance de 15 km entre la plate-forme de collecte que nous aurions aménagée au nord de l’agglomération et l’incinérateur situé au sud aurait été beaucoup trop courte pour absorber les investissements liés aux ruptures de charges », déplore Caroline Barrière, vice-présidente de la CUS chargée de la propreté. Et d’évoquer un investissement global de 8,8 M€, dont 5 M€ pour le seul aménagement de la plateforme de collecte.
Malgré les aides publiques, la possibilité de synergies avec des industriels pour limiter les retours à vide ou encore l’optimisation des transports (ordures ménagères, verre, emballages), le surcoût aurait avoisiné de 600 000 € à 900 000 € par an pour le budget « déchets » de la CUS.
Une augmentation d’autant plus difficile à justifier auprès des contribuables, selon les élus communautaires, que l’économie en termes d’émissions de gaz à effet de serre demeure limitée: 210 t à 763 t de CO2 par an. Néanmoins, l’effort de recherche n’a pas été réalisé en vain, selon la vice-présidente, car « d’autres paramètres comme l’augmentation du prix du gazole pourraient faire qu’un mode de transport trop coûteux aujourd’hui devienne intéressant demain ».