La houle et le mistral ne sont rien à côté des mouvements sociaux qui ont secoué le port de Marseille la semaine dernière. Après les grèves des dockers et des agents, le port a fait les frais, le 9 février, d’un blocage des passes par les marins SNCM, passant le relais deux jours plus tard aux plaisanciers et pêcheurs au grand désespoir des acteurs économiques de la place.
C’est la goutte d’eau qui fait déborder le port… Le 9 février au matin, les quelques navires qui osent encore s’aventurer à Marseille ont eu la mauvaise surprise de trouver les passes Nord et Sud bloquées par des filins tendus par des marins cégétistes de la SNCM. Aussitôt, le nouveau préfet déploie les forces de l’ordre pour tenter de rétablir la circulation maritime.
Les CRS sont dépêchés sur les quais provoquant dès leur arrivée un mouvement de protestation chez les dockers qui rejoignent les rangs des marins. La contestation grandit. Quelques blessés sont à déplorer chez les jeunes dockers. Réquisition d’engin de manutention et patrouilles sur les quais sont organisées. Vers 20 h 30, les navires peuvent enfin appareiller. À la surprise générale, le travail a repris chez les dockers alors que les forces de l’ordre étaient encore dans l’enceinte portuaire.
Le 10 février, les salariés de la SNCM ont été reçus par le préfet de Région qui les a invités à reprendre le chemin du dialogue en interne. Vendredi, au 12e jour de grève, syndicat et direction sont dos à dos. La compagnie ayant pris la décision de retirer le NGV-Liamone de Nice à la demande du conseil général des Alpes-Maritimes. Malgré l’assurance donnée par la direction que les emplois seraient maintenus, la CGT poursuit son mouvement et dénonce un « démantèlement de la compagnie afin de la rendre rentable », selon Frédéric Al Pozzo, secrétaire général des marins CGT de la SNCM. Les craintes du syndicat finiront par être entendues par le président du conseil régional. Michel Vauzelle s’est engagé à déposer devant l’Assemblée nationale une « proposition de loi relative aux conditions d’exploitation des services maritimes de cabotage national afin que toutes les compagnies soient soumises au pavillon français conformément à la réglementation française ».
Le 11 février au matin, le port de Marseille est une nouvelle fois bloqué par une centaine de plaisanciers et quelques pêcheurs qui protestent contre la création du parc naturel des calanques. Vers 13 heures, après avoir obtenu l’assurance d’être reçus en préfecture, les manifestants libèrent les deux passes des bassins Est. Les trois car-ferries en attente sur rade peuvent enfin rejoindre les quais, avec à bord des passagers exaspérés.