Avec ses deux terminaux consacrés aux véhicules (TEV et Deicmar), le port de Santos constitue la principale porte de sortie des usines de montage automobile au Brésil. Malgré la présence d’autres ports brésiliens dédiés au secteur, Santos demeure incontournable de part sa situation géographique stratégique qui lui permet de desservir le marché de São Paulo.
Mais aujourd’hui, les compagnies de navigation spécialisées dans le transport de véhicules s’avouent préoccupées. En effet, durant les dix dernières années, la fabrication et l’exportation de véhicules ont plus que doublé dans le pays, alors que les investissements logistiques n’ont pas accompagné ce rythme de croissance. Résultat: les compagnies de navigation se heurtent à de nombreux retards et des hangars de stockage complets. L’entreprise italienne Grimaldi, qui représente l’un des principaux acteurs du secteur au Brésil et qui réalise sept escales mensuelles régulières à Santos, a enregistré une douzaine d’opérations annulées en 2010, soit un préjudice supérieur à 370 000 €. Une situation qui, selon le directeur de Grimaldi au Brésil, Helder Malaguerra, ne semble pas inquiéter outre mesure les autorités portuaires: « Il existe des plans pour différents nouveaux terminaux, mais on ne parle pas de notre secteur. »
D’après les professionnels, la situation devrait rapidement empirer en raison de la reprise des marchés européens et nord-américains. « Les estimations de croissance des usines de montage varient entre 10 % et 100 % pour l’année 2011 », confie Helder Malaguerra. Selon une étude récente de PricewaterhouseCoopers, les marchés émergents devraient dominer la production globale d’automobiles. En 2009, les Bric (Brésil, Russie, Inde et Chine) ont représenté 29 % de la fabrication mondiale, et leur part devrait atteindre les 37 % à l’horizon 2016 (soit 52,4 millions d’unités).
« Nous avons atteint nos limites, au point que nous avons dû refuser des cargaisons encombrantes. Dans certains cas, nous n’avons même pas pu accueillir la totalité des volumes confiés par les usines de montage », déplore le directeur du terminal Deicmar, Gerson Foratto. Deicmar, qui affiche un résultat de 203 000 unités en 2010 et en prévoit 220 000 pour 2011, a contacté l’Agence nationale de transports aquatiques (Antaq) afin de reconduire son bail qui s’achève en mai et étendre sa superficie de 50 000 m2. Et Gerson Foratto de sonner l’alarme: « Nous ne pouvons pas rester inertes. Aujourd’hui, nous sommes face à un véritable goulet d’étranglement logistique. »