La persistance des mouvements sociaux sur le port de Marseille-Fos a entraîné depuis plusieurs semaines maintenant la modification des schémas logistiques de la part des chargeurs.
Le constructeur japonais Honda qui, depuis deux ans, a choisi la plate-forme de Saint-Martin de Crau, réfléchit sérieusement à passer par un autre port pour l’approvisionnement des concessionnaires français en motos au grand dam de Distribike Méditerranée, son logisticien. Le flux annuel du groupe Honda à Fos, qui représente 500 à 600 boîtes par an, risque donc de basculer à Barcelone ou Anvers. En effet, tous les ports français étant en grève, à quelques rares exceptions près, les ports étrangers sont privilégiés.
« Beaucoup de chargeurs ont modifié leurs schémas logistiques. Ceux qui importent du fret d’Extrême-Orient déchargent à Gênes ou Barcelone. La marchandise est ensuite reprise par voie routière avec un surcoût de 1 500 € à 1 700 €. Les chargeurs n’ont pas le choix lorsque le contrat est en jeu avec les grandes surfaces. À l’export, c’est la même chose. Nous avons des clients qui, pour honorer leurs commandes, passent par le nord. La marchandise est expédiée en conteneur ou en semi, elle est empotée dans un pays étranger et chargée à Anvers », explique Xavier Lassalle, gérant de Transcausse. Le trafic dans le port scaldien augmente dans des proportions très importantes et les Anversois ont du mal à absorber ce surplus de trafic. « Il y a des problèmes de disponibilité des conteneurs vides, des difficultés à trouver des transporteurs. Quand au transport ferroviaire, il est saturé », ajoute Xavier Lassalle. Au-delà des trafics déroutés, ces grèves risquent d’être lourdes de conséquences sur le moyen terme pour les plates-formes portuaires nationales. Le risque étant un coup de frein aux investissements et une modification radicale des sources d’approvisionnement.