Et c’est reparti, après une pause de trois années. En 2010, le transport fluvial en France a battu tous ses records antérieurs de trafics. Selon les données de Voies navigables de France (VNF), présentées lors de la cérémonie des vœux de l’établissement le 20 janvier à Paris, le trafic fluvial de marchandises s’est élevé à 60,5 Mt en 2010, soit une progression de 7,7 % par rapport à 2009. En prestations, il atteint un peu plus de 8 milliards de tonne par kilomètre (tkm), en essor de 8,6 %. Seules deux filières affichent un repli en tonnage: les matériaux de construction et les engrais. Tous les autres secteurs présentent des évolutions positives aussi bien en volume qu’en prestation (voir tableau ci-dessous). Les produits agricoles ont largement bénéficié de la bonne campagne 2009-2010. La métallurgie et les produits pétroliers sont en plein rebond après les chutes particulièrement drastiques enregistrées dans la foulée de la crise financière et économique de la mi-2008. Le transport de produits manufacturés à plus haute valeur ajoutée, principalement composé d’acheminements de conteneurs avec les ports maritimes, conclut lui aussi brillamment l’année avec une progression de 8,1 %. Même si, pour ce dernier secteur, « il apparaît que les mouvements sociaux dans les ports maritimes au dernier trimestre ont impacté les performances annuelles », relève VNF. Cet établis- sement précise que le bassin principal bénéficiaire de la reprise est celui de la Moselle (+ 25,8 %, 10,2 Mt) suivie de Rhône-Saône (+ 9,4 %, 6,1 Mt), du Rhin (+ 7,4 %, 13,3 Mt) et du Nord-Pas-de-Calais (+ 7 %, 9,2 Mt). L’évolution du bassin Seine-Oise est de « seulement » 1,2 %, mais il demeure largement en tête de tous avec plus de 22,3 Mt de trafic en 2010. VNF a également communiqué les résultats du fluvio-maritime, en hausse de 2,4 % en tonnage (3,5 Mt) et de 19,3 % en prestation (358,6 tkm). Pour Alain Gest, président du conseil d’administration de VNF, les bons résultats de 2010 « démontrent une réelle dynamique du mode, et ce en période de sortie de crise. Et la progression des parts de marchés des modes alternatifs, voulue par le Grenelle de l’Environnement, n’est donc pas une utopie ».
Pression sur les taux de fret
L’optimisme est donc de mise mais avec prudence. « N’oublions pas que la situation des opérateurs n’est pas encore stabilisée même si la suppression de la TIPP va aider un peu, a noté Marc Papinutti, directeur général de VNF. La pression reste forte sur les taux de fret. » La pression reste forte aussi en ce qui concerne l’avancement du projet de canal Seine-Nord Europe. « Nous sommes encore en attente du feu vert du gouvernement pour le lancement du dialogue compétitif. Les conditions sont aujourd’hui toutes réunies », a déclaré Alain Gest en présence de Thierry Mariani, secrétaire d’État aux Transports.
Parmi les autres chantiers de VNF en 2011: la signature du nouveau contrat d’objectifs et de moyens et la saisie de la commission nationale du débat public pour la liaison entre Bray-sur-Seine et Nogent.