Gagnée à la fin des années 1960 sur les marais et le sable, la zone industrialo-portuaire de Fos n’a plus bonne presse dans la population environnante. Les deux dernières implantations, le terminal méthanier de Fos Cavaou (Elengy – GDF/Suez) et l’usine d’incinération de Fos, ont dû batailler pendant des mois avant d’avoir le droit d’exister. Et le lancement de leur activité a été conditionné par un certain nombre de compromis avec les municipalités environnantes.
Le projet de terminal méthanier Fos Faster LNG (Vopak-Shell) semble prendre le même chemin. Les débats publics qui l’ont entouré viennent de se clore. Et le moins que l’on puisse dire est que l’unanimité a été loin d’être recueillie pour ce terminal représentant une capacité de 8 Mdm3 (le double en gagnant sur la mer) et quelque 800 M€ d’investissement.
Sur un territoire sinistré par le chômage et des conditions environnementales préoccupantes, la magie de l’industrie « les pieds dans l’eau » n’opère plus. « Notre santé, elle vaut quoi? » s’est interrogé cet habitant de Port-Saint-Louis-du-Rhône lors d’un débat. « Moi, je voudrais une garantie pour que ça nous donne du travail. Tant mieux si ça se fait, si nous, qui en respiront les particules, en profitons au moins pour gagner de l’argent et pouvoir vivre sans allocations », exprimait non sans cynisme un autre habitant de Port-de-Bouc.
Le choix de l’implantation, l’impact visuel dû à la hauteur proposée par Fos Faster pour les cuves de stockage de 50 m, la pollution lumineuse nocturne et l’impact environnemental (modification éventuelle de la courantologie) sont les critiques les plus facilement avancées. Elles varient en force suivant la proximité du futur site. Si le maire d’Istres, François Bernardini, se dit convaincu que cela permettra à la zone de Fos d’effectuer « un nouveau grand bond », celui de Fos, René Raimondi, refuse la perspective de voir émerger « une usine sur l’eau, parce qu’il y en aura forcément d’autres ensuite ». À Port-Saint-Louis-du-Rhône, Jean-Marc Charrier s’inquiète de la logique des implantations, « la rentabilité étant le seul critère de ces usines ». Quant aux associations dont beaucoup n’ont même pas voulu participer au débat public, elles dénoncent « un vrai danger pour le milieu marin » et les risques de collision dans la darse.
Il en faudra sans doute plus pour qu’un projet aussi stratégique dans le secteur de l’énergie capote. Forts des éléments du débat public, les initiateurs de Fos Faster LNG devraient préciser leur intention avant cet été.