Au Grand port maritime de Rouen (GPMR), pour les pré-acheminements de marchandises, la route reste largement dominante avec un pourcentage oscillant, selon les années, entre 70 % et 80 %. Le mode fluvial atteint un niveau compris entre 15 % et 20 %, le ferroviaire 9 %. Ce dernier est en constant repli depuis le début des années 2000 tandis que le fluvial ne parvient pas à décoller. Pour Senalia, la répartition modale se fait à 60 % par la route (135 000 camions), 15 % par le fleuve (1 500 péniches) et 15 % par le chemin de fer (1 200 trains). Tels ont été les constats en ouverture de la table ronde intitulée « Les atouts de Rouen dans la compétitivité de préacheminement& » à l’issue de l’assemblée générale de Senalia le 7 janvier. Pour Philippe Deiss, directeur général du GPMR, « les poids lourds sont très importants pour les pré-acheminements de toutes les marchandises ». Aussi, le GPMR réalise des travaux sur le réseau routier portuaire et participe financièrement à la rénovation de la RN154. Pour le ferroviaire, le GPMR a pris en charge les 165 km de voies ferrées portuaires. Le directeur du GPMR a aussi rappelé que « la position de Rouen a évolué par rapport au transport fluvial, et notamment le projet Seine-Nord qui sera un atout. Mais il a aussi souligné que la compétitivité du GPMR pour les pré-acheminements et le report modal ne peut résulter que d’un travail mené en concertation avec les opérateurs et les autorités ».
Deux autres participants à la table ronde, Hervé de Tréglodé, directeur général adjoint de RFF, et Marc Papinutti, directeur général de VNF, ont mis en avant les ambitions de leur établissement respectif pour améliorer la compétitivité du ferroviaire pour le premier et du fluvial pour le second. Des investissements sont prévus pour moderniser les infrastructures et la qualité de service. Une bonne volonté saluée par Jean-Jacques Vorimore, président de Senalia. Mais il a aussi relevé que RFF et VNF tiennent ce discours de longue date et que « le temps des actions concrètes se fait attendre ». Une impatience par rapport aux performances des deux modes terrestres qui trouve son origine dans la volonté de la député-maire de Rouen d’interdire la circulation des poids-lourds sur les quais bas de la rive gauche. « La solution envisagée par la ville rallongerait de 46 km la distance à couvrir par les camions pour atteindre le GPMR, précise André Laude, directeur général de Senalia. Le port pourrait perdre des trafics. Pour Senalia, la perte s’élèverait à 1 Mt. C’est la compétitivité des exportations de céréales qui est en jeu. Les acteurs économiques doivent agir contre ce projet ». Tous les participants à la table ronde sont tombés d’accord pour souligner l’importance des trois modes pour le GPMR et leur complémentarité. Aussi, empêcher la circulation des camions n’entraînera pas forcément un essor des deux modes terrestres. L’important est de donner la priorité aux besoins des acteurs économiques.
La campagne 2010-2011 a bien commencé
La campagne actuelle est exactement à mi-parcours. Selon Gilles Kindelberger, directeur opérationnel de Senalia, « avec l’embargo décrété par la Russie et l’Ukraine sur leurs exportations de blé, la France devrait demeurer l’un des principaux pays exportateurs de cette céréale ». À fin décembre 2010, soit au bout de six mois de campagne, le niveau des exportations de blé atteint 2,058 Mt. Un tonnage qui n’avait été atteint en 2009-2010 qu’au bout de 8 mois. Le fait marquant de cette première moitié de campagne est le retour de l’Égypte parmi les clients de Senalia « pour des tonnages conséquents ». Il reste toutefois, pour Jean-Jacques Vorimore, président de Senalia, « à fidéliser la clientèle des pays tiers qui vient vers nous suite à la mise en sommeil de nos concurrents est-européens afin de pérenniser ces marchés ». Pour cela, Senalia entend « tisser des partenariats étroits vers les destinations cibles des céréales françaises », à l’image de l’implantation de services réalisée par le groupe à Casablanca au Maroc. Sachant que 71 % du tonnage des six mois de la campagne 2010-2011 ont été exportés vers les trois pays d’Afrique du Nord et l’Égypte. Dans ce contexte, les manifestations et revendications populaires, qui se déroulent actuellement en Tunisie et en Algérie, inquiètent les dirigeants de Senalia. Pour palier la concentration des livraisons sur des destinations réduites, les dirigeants de Senalia sont à la recherche de débouchés vers d’autres nations et entendent aussi développer les exportations d’autres céréales comme l’orge, notamment vers la Chine et l’Inde.