Si le port d’Anvers est encore le numéro un en Europe dans le domaine des trafics en conventionnel, cette position s’est considérablement érodée au fil des trois dernières années. En cause: un manque crucial de flexibilité du travail portuaire, ce qui le rend particulièrement onéreux. À cela s’ajoute le fait que les salaires sont trop fortement taxés. Conséquence: Anvers a perdu d’importants trafics, comme les produits forestiers, au profit de Flessingue et de Rotterdam. Ce dernier port mène d’ailleurs une véritable offensive dans le secteur du conventionnel (surtout fers et aciers), disposant de plusieurs terminaux à marée. À Zeebrugge, où les conditions du travail portuaire sont nettement plus souples qu’à Anvers, le groupe ICO a mis récemment en service un terminal dédié au conventionnel.
Au fil des années, le conventionnel a diminué dans le port scaldien à cause de l’impact de la conteneurisation. Néanmoins, en 2007, ce trafic représente encore 19,80 Mt. En 2008, il y a eu un recul de 14,5 % à 16,93 Mt. Déjà s’est manifestée l’amorce de la crise et la concurrence des ports voisins. En 2009, une nouvelle baisse de 38,3 % à 10,44 Mt. Anvers a subi la crise de plein fouet. Cette année, un redressement s’est manifesté. À l’issue des neuf premiers mois, ce trafic a atteint 8,4 Mt en hausse de 6,3 %. Toutefois, si les produits sidérurgiques ont redémarré (+ 8,5 %), par contre, les papiers et pâte à papier ont accusé un recul de 10,2 % et les fruits de 4 %. Le secteur privé (les manutentionnaires) plaide depuis plus de trois ans pour que les syndicats fassent preuve de réalisme et permettent une restructuration du travail portuaire, ce qui se traduirait par une réduction des équipes, de leur composition, en fonction des volumes et commodités et la possibilité d’évoluer vers des demi-shifts. Les syndicats ont toujours fait la sourde oreille, d’autant plus qu’au plus fort de la crise il y a eu plus de 1 200 dockers au chômage.
Le directeur général du port, E. Bruynincks, a récemment tiré la sonnette d’alarme mettant directement en cause l’attitude négative des syndicats, qui rompent régulièrement les négociations. Finalement, un accord devrait intervenir, qui porterait sur un assouplissement des conditions de travail dans certains secteurs. Les navires de mer, jusqu’à 4 000 tpl, seraient soumis au même régime que la batellerie, ce qui se traduirait par la suppression d’un à deux hommes dans les équipes. Quant au trafic des colis lourds, il est également prévu une petite diminution de l’équipe. Mais à part cela, cette avancée que les milieux de la manutention attendent est très minime. Néanmoins, d’aucuns considèrent qu’il s’agit d’un premier pas dans la bonne direction. À quand le second?