« Les collectivités territoriales les plus concernées de façon frontale par les ports, ce sont surtout les communes et les communautés de communes. Les installations portuaires se trouvent sur leurs territoires. Ce sont elles qui maîtrisent le droit du sol, qui délivrent les permis de construire, les autorisations de travaux, etc. », témoigne Henri Hasser, président de la Société des ports de Moselle (SPDM), qui gère, pour la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Moselle, les sites de Metz et Thionville-Illange. Le port de Metz est le premier port céréalier français. Thionville-Illange est un port industriel, lié à la sidérurgie. Henri Hasser regrette que pour l’instant, en termes d’actions, le département (Moselle) et la région (Lorraine) ne soient guère impliqués dans le développement des ports de la Moselle. Ces derniers sont gérés dans le cadre de concessions accordées par Voies navigables de France (VNF) qui courent jusqu’en 2017-2018. En fait, précise Henri Hasser, le concessionnaire n’est pas seulement la CCI. Cette dernière est largement majoritaire mais des sociétés par actions simplifiées sont concessionnaires à ses côtés. « C’est une particularité intéressante car cela permet plus de souplesse au niveau de la gestion des infrastructures et une meilleure adaptabilité aux exigences du marché », souligne le président de la SPDM. Ce dernier rappelle en effet qu’une CCI est au service des entreprises et doit développer des outils au service des entreprises. Aussi, il revient à la SPDM d’informer les entreprises du potentiel de la voie d’eau pour importer ou exporter les marchandises vers Anvers ou Rotterdam à un prix compétitif et dans le respect du transit time. Gérer un port, selon la SPDM, c’est de l’économie, de la logistique et de la technique. L’important est d’avoir une démarche économique, de trouver des solutions économiques et financières. Or l’intérêt économique, collectif d’un grand bassin de navigation comme la Moselle, ce n’est pas toujours évident à faire comprendre, relève Henri Hasser. Les dirigeants de la SPDM passent du coup beaucoup de temps à convaincre les élus des différentes collectivités de l’importance des ports dans le tissu économique. Le système de la concession pousse également à travailler en collaboration avec les collectivités, explique Henri Hasser, car « on est compétent sur le territoire concédé mais au-delà, il faut négocier avec les communes ». En ce qui concerne l’échéance des contrats de concession, les ports de Moselle sont sensiblement dans la même situation que ceux de Mulhouse-Rhin. Avec une fin des contrats prévue en 2017 et 2018, « les entreprises qui veulent s’installer sur un port parlent de durée d’amortissement sur 15, 20 ou 25 ans. Et cela pose problème, souligne Henri Hasser. Il faudrait pouvoir travailler sur le très long terme, mais aussi que le port soit propriétaire de ses terrains et possède une gouvernance économique ». La proximité de la date butoir des contrats de concession n’empêche toutefois pas la SPDM de mener des projets pour l’avenir. Pour proposer un service toujours meilleur aux entreprises de la région, la SPDM a engagé une étude pour démontrer la viabilité d’une ligne conteneurisée sur la Moselle à destination d’Anvers et Rotterdam. Il existerait un potentiel de 170 000 EVP entre les ports de Nancy-Frouard, Metz, Thionville-Illange et Trèves. Le lancement de cette ligne est programmé pour le courant de l’année 2011. Cette volonté de faire du transport de conteneurs sur la Moselle est le résultat d’une réflexion menée en partenariat avec le port allemand de Trèves car « la réalité économique traverse les frontières ».
Dossier fluvial
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