« Il n’existe pas de problématique de port en centre-ville pour Chalon-sur-Saône ni pour Mâcon », explique Bernard Paillard, directeur général d’Aproport, le service portuaire de la CCI de Saône-et-Loire chargé de la gestion des deux ports. Ces derniers ont en effet la même histoire: un déplacement d’une implantation en centre-ville vers la périphérie de leur cité. Créé en 1927, le port de Mâcon a été déplacé au milieu des années 1970 au sud de la ville sur une zone de 30 ha. Il est dédié principalement à des activités à caractère industriel et à la conteneurisation. Il conserve aussi des trafics traditionnels comme les sables, graviers, céréales et sel de déneigement. Le premier port industriel de Chalon est né en 1949 en centre-ville pour recevoir des sables et graviers pour le BTP et expédier du charbon. La deuxième version du port de Chalon date de 1974 et a été installée près de la zone industrielle Sud sur 50 ha. Aproport gère les deux sites dans le cadre de deux contrats de concession. Le contrat de Chalon-sur-Saône a été conclu en 1976 pour 50 ans, celui de Mâcon a été renouvelé en 2003 pour une durée de 30 ans. Les années 1980 et les tergiversations autour du projet de liaisons Rhin-Rhône, finalement abandonné en 1997, ont constitué une période particulièrement difficile pour les deux ports. Les CCI avaient consenti des investissements assez importants dans la perspective de la liaison Rhin-Rhône dont la non-réalisation a rendu compliquée la situation des ports. La gestion des deux sites a alors été changée, passant « d’un type public à un mode plus entreprise », selon Aproport. Ce service a aussi capitalisé sur la Saône et son débouché sur le Grand port maritime de Marseille (GPMM). Ce qui a conduit Aproport à nouer un partenariat en 1997 avec le GPMM, la CNR, les CCI du bassin Rhône-Saône, les transporteurs fluviaux et la filière céréalière des régions Bourgogne et Rhône-Alpes pour réaliser Port Tellines, silo céréalier implanté sur le domaine public portuaire du GPMM. En 2009, Port Tellines a exporté un volume de 704 000 t de céréales, son meilleur score depuis son entrée en activité en 1998. L’autre axe de travail d’Aproport pour rebondir résulte d’un travail avec la CCI de Beaune et Port Tellines. Le résultat des échanges a été la création en 2000 de Ports Inter, un commissionnaire de transport dédié au transport de masse par tous les modes. De 2004 à 2008, les deux ports gérés par Aproport ont obtenu le soutien financier de l’État, de la région Bourgogne, du département de Saône-de-Loire, des communautés d’agglomération de Chalon et de Mâcon et des deux villes concernées pour moderniser et étendre les infrastructures des deux plates-formes. Au total, 20 M€ sur quatre ans ont été consacrés à des travaux sur les deux sites comprenant des aménagements bord à quai, des embranchements ferroviaires, des bâtiments d’échanges logistiques et de stockage, etc. Les deux ports de la Saône sont donc au cœur des préoccupations des collectivités territoriales pour lesquelles ils constituent des points d’ancrage d’attractivité économique et d’aménagement des territoires. « La décentralisation des deux ports intérieurs de la Saône n’est toutefois pas d’actualité dans la région Bourgogne, précise Bernard Paillard, à la différence du Nord-Pas-de-Calais ou de l’Alsace. » Aproport et la CCI de Saône-et-Loire seraient plutôt favorables à la décentralisation mais la région a déjà pris la responsabilité de 800 km de canaux et est très impliquée dans le port de Pagny. Elle ne peut donc pas tout mener de front.
Dossier fluvial
Des ports déplacés en périphérie de la ville
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