Deux mois après avoir annoncé son intention d’entrer dans le capital de Gaz de Normandie, le Grand port maritime du Havre fait machine arrière. C’est « à la suite » d’un examen juridique conduit sur « une éventuelle prise de participation dans le capital de la société GDN » que le port a pris la décision de ne pas aller plus avant. À l’origine, le GPMH a proposé de prendre près de 33 % du capital, à hauteur de 3,7 M€. Cette entrée dans le tour de table de la filiale de Poweo – qui porte le projet de terminal méthanier d’Antifer – devait s’effectuer par capitalisation et paiements d’indemnités de retard, du fait des sommes dues par GDN sur la réservation des terrains à Antifer.
Fin septembre, Laurent Castaing, le président du directoire du port, a expliqué que la décision de participer au tour de table de Gaz de Normandie serait prise « après vérification de la faisabilité juridique ». Les opposants au projet de terminal méthanier à Antifer, quant à eux, ont dès le départ mis en lumière le risque de « conflit d’intérêts » que représenterait une entrée du port dans une entreprise retenue après un appel d’offres public lancé par la direction du port. Au sein même du conseil de surveillance, certains membres ont également mis en garde contre un éventuel risque juridique.
« Le projet est en panne et le reste », a expliqué fin septembre Gilles Fournier, le président du conseil de surveillance. L’entrée du port doit apparaître comme une forme de soutien à GDN, le temps que l’horizon économique se dégage et qu’un nouveau partenaire soit trouvé. Plus que jamais, le dossier de la construction du terminal méthanier demeure-t-il en panne? « La suite immédiate du projet dépend maintenant de la décision des actionnaires actuels de la société Gaz de Normandie, laquelle devra être prise avant le 2 janvier (terme de la convention de réservation de terrain pour la période préparatoire au projet) », souligne la direction du GPMH, qui se dit par ailleurs convaincue « des atouts du site portuaire d’Antifer comme point d’importance majeure dans l’approvisionnement énergétique de la France ». Même si le projet Gaz de Normandie est proche de l’abandon, le port continuera de veiller « à conserver la possibilité d’une implantation industrielle ou portuaire d’importance sur ce site – créé dès l’origine pour l’accueil des trafics de vracs liquides –, quelle que soit la décision de GDN quant à la poursuite de son projet. Dès que les circonstances économiques le justifieront, le conseil de surveillance pourra être amené à demander le lancement d’un nouvel appel à proposition pour l’installation d’un projet industriel majeur nécessité par l’économie nationale », ajoute la direction du GPMH.