La compagnie Mærsk Line a annoncé officiellement qu'elle allait dévier des conteneurs du port d'Algésiras vers d'autres ports, principalement celui de Tanger Med, à partir du mois de mai. Des informations parues dans la presse spécialisée espagnole font état d'un montant qui se situerait entre 400 000 EVP et 500 000 EVP par an, alors que le trafic total du port a atteint 3 MEVP en 2009. L'explication invoquée est celle du moindre coût. Un conteneur « revient » à 50 € dans le port marocain contre 70-80 € de l'autre côté de la Méditerranée. La compagnie estime que le port d'Algésiras doit réduire ses coûts d'au moins 20 % pour être compétitif.
Les syndicats font valoir que la décision de transfert remet en cause les termes de la convention collective signée, non sans mal, fin 2008 pour une durée de 10 ans, avec APM Terminals qui appartient également au groupe Mærsk. Le manutentionnaire, seul opérateur actuellement de conteneurs, s'était engagé, en échange de concession des syndicats, à maintenir un niveau de trafic minimum de 3 MEVP, clause respectée en 2009.
Du côté espagnol, la marge de manœuvre est singulièrement étroite. La nouvelle loi portuaire, en discussion actuellement au parlement espagnol, prévoit la possibilité pour les autorités portuaires de réduire les droits pour les activités de transbordement. Mais cela risque de ne pas suffire, car le différentiel de coûts s'explique principalement par les différences de rémunérations. Les syndicats de la manutention d'Algésiras rejettent toute réduction de salaire. « Il est impossible de concurrencer le Maroc en termes de coûts, la recherche de la valeur doit être basée sur la technologie, la spécialisation et la qualité du service », a déclaré fin mars au quotidien Expansión le président de Puertos del Estado, Fernando González Laxe. Pour l'heure, Tanger Med apparaît de plus en plus comme un concurrent imbattable, et le groupe Mærsk, qui « joue » sur trois ports (Algésiras, Tanger Med et Málaga), ne cesse de renforcer sa position dans le détroit.
