Véritables victimes collatérales de l'effondrement des trafics au port de Marseille en 2009, les lamaneurs ont dû procéder à la fermeture d'une station afin de garder le cap dans la tempête de la réforme du port et de la crise. 18 000 largages, amarrages et déhalages, soit 4 % d'opérations en moins en 2009. Le port de Marseille-Fos a perdu 13 % en tonnage. Pour les lamaneurs, dont la facturation dépend des caractéristiques des navires, la note est salée. 200 000 ¤ de perte de chiffre d'affaires et des bénéfices réduits pour chaque coopérateur/lamaneur. Pour la coopérative, les conséquences sont sans appel : départs en retraite non renouvelés et coup de frein aux investissements avec notamment la décision de suspendre sine die la construction d'un nouveau canot alors que trois nouvelles embarcations avaient été livrées en un an et demi.
« Début 2009, au plus fort de la crise, nous avons fermé la station de la Joliette. Nous avons laissé passer l'été et on s'est aperçu qu'une seule station, forme 10, ne nuisait pas à la qualité de service dans les bassins Est du port », explique Franck Rossi, président de la coopérative de lamanage de Marseille et du Golfe de Fos. Désormais, les 82 lamaneurs sont répartis dans trois stations : Marseille, Fos-sur-Mer et Port-de-Bouc. L'ancienne station de la Joliette située le long du quai du Maroc n'a pas été abandonnée pour autant. Ses 200 m2 ont entièrement été rénovés pour abriter désormais le siège social de la coopérative qui, autrefois, se trouvait en plein centre-ville de Marseille. Pour des raisons d'économie également, la superficie de la station de Fos-sur-Mer a été réduite.
Pour 2010, les lamaneurs ne sont guère optimistes. Les agents CGT du port ont passé le relais de la grève à ceux de la SNCM et de la CMN... Et, qui dit moins d'escales, dit moins de recettes pour cette profession. « Nous sommes dépendants du port à 100 %. Janvier fut moyen et février pas terrible. Nous nous posons des questions sur la suite », s'inquiète Franck Rossi qui espère qu'à la fin du processus de la réforme, le GPMM aura retrouvé ses trafics perdus.
Même s'ils reconnaissent jouir d'un monopole de fait, les lamaneurs disent jouer le jeu vis-à-vis de leurs clients et se mettre en situation de concurrence : « Entre 1993 et 2009, nous avons augmenté les tarifs de 6,3 % et, pour 2010, nous avons décidé de ne pas augmenter nos tarifs », lance Arnoux Mayoly, le directeur de la coopérative. Les lamaneurs n'écartent pas l'éventualité de l'arrivée d'un opérateur concurrent. « La fin du monopole est une possibilité, pour que cela arrive le plus tard possible, nous misons sur la relation client », ajoute M. Mayoly.
Si l'année 2009 a été ponctuée par quelques belles opérations, notamment l'avitaillement sur rade et le transfert des marins du porte-avions américain USS-Eisenhower resté sur rade durant trois jours, elle fut marquée aussi par de grosses frayeurs et notamment un canot coulé au quai Sollac. « Le canot s'est retrouvé coincé entre le quai et le vraquier. La vedette a coulé lors d'un largage sur un câble qui s'est pris dans le safran. L'équipage a récupéré le câble, l'embarcation s'est retournée et le lamaneur est tombé à l'eau », explique Arnoux Mayoly. La coopérative de lamanage, qui compte 16 salariés permanents, possède une vingtaine de canots, deux vedettes de rade et deux barges.