Le duopole qui régit la manutention australienne depuis plus de dix ans est en passe de vivre ces dernières heures. Après Brisbane et Sydney, c'est au tour de Melbourne d'officialiser l'arrivée prochaine d'un troisième opérateur sur ses quais. Après deux tentatives ratées dans les années 1990 et 2000, faute d'intérêt de la part des compagnies de manutention, la troisième pourrait être la bonne avec Hutchison Ports qui semble tenir la corde. « La réussite de l'opérateur dans les ports de Brisbane et Sydney, ainsi que l'augmentation attendue des trafics conteneurisés sur Melbourne, plaident pour l'arrivée d'un nouvel acteur sur la place », explique Bill Kyriakopoulos, le porte-parole de l'autorité portuaire. Cette décision répond également aux pressions exercées par l'ACCC (Australian Competition & Consumers Commission) qui demande depuis de longues années au port d'accroître la concurrence le long de ses bassins. L'arrivée d'un troisième opérateur fait suite à la confirmation le 18 janvier, par le gouvernement du Victoria, de la construction d'un troisième terminal à conteneurs sur le port. Le Webb Dock, installé à l'embouchure de la rivière Yarra qui arrose la métropole australienne, doit en effet être redéveloppé d'ici à 2013. Les trafics rouliers et marchandises diverses seront déménagés pour laisser place à un terminal tout neuf, capable de traiter près d'1 MEVP par an. Un investissement estimé à plus de 640 M¤, qui fait déjà grincer les dents des deux manutentionnaires présents sur la place portuaire. À commencer par Asciano/Patrick, locataire des lieux jusqu'en 2017. « Nous allons nous battre pour faire valoir nos droits et être certain d'obtenir une compensation financière significative », menace déjà Mark Rowsthorn, le directeur d'Asciano Melbourne, qui estime le préjudice à 16 M¤ pour sa compagnie. Asciano/ Patrick et son compère DP World's P&O auraient préféré voir la direction portuaire confirmer son projet initial, qui portait sur l'extension des deux terminaux existants sur Swanson Dock. « Cela aurait permis de répondre à la demande, pour une fraction des coûts annoncés sur Webb Dock », reprend Mark Rowsthorn, qui n'a toujours pas digéré la double annonce faite par le port et les pouvoirs publics.
Le nouveau terminal, d'une surface de 40 ha et équipé de trois postes à quai supplémentaires, doit permettre au port de Melbourne de faire face aux augmentations de trafics conteneurisés attendues dans les prochaines décennies. Avec 2,16 MEVP en 2009, Melbourne a manutentionné 37 % des boîtes traitées en Australie. Un chiffre qui, selon la direction, devrait doubler en 2020 et presque quadrupler en 2035. À cette date, le port de Melbourne, dopé par une économie australienne florissante, prévoit de réceptionner plus de 8 MEVP sur ses trois terminaux.