Des causes conjoncturelles et accidentelles ont plombé 2009

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Avec 83,1 Mt, le Grand port maritime de Marseille-Fos accuse un repli de 13 % en 2009. Sur l'année, le port phocéen a perdu 12,8 Mt, ce qui représente environ le trafic du port de La Corogne en 2008. Deux phénomènes expliquent ce mauvais score marseillais. Des causes conjoncturelles avec la crise économique, les mouvements sociaux liés à la réforme portuaire, les mesures douanières algériennes et l'annulation de l'arrêté d'exploitation du terminal GDF2. À ces causes vient s'ajouter la rupture du pipeline SPSE. Le port a-t-il souffert d'un manque de chance ? Les trafics traditionnels ont sévèrement accusé le coup. Les vracs solides perdent 40 % à 8,5 Mt. « La plus forte baisse de l'année », explique Jean-Claude Terrier, le président du directoire du GPMM. Une chute qui tient principalement à la fermeture de hauts fourneaux de l'usine du port.

Pour leur part, les vracs liquides ont moins souffert. Ils perdent 13 % à 3 Mt. Ce sont principalement les vracs chimiques qui font plonger le bilan avec une diminution de 12 %. Une situation liée à la crise de ce secteur au cours des derniers mois. Les hydrocarbures ont aussi fait les frais des difficultés économiques. Ils perdent 15 % à 38,3 Mt. « Un niveau de trafic équivalent à celui de 1969 », a continué Jean-Claude Terrier. Outre les raisons économiques liées à la baisse de la demande, l'explication de cette diminution du trafic de brut à Marseille tient aussi à la rupture du pipeline SPSE vers les raffineries françaises. Survenue au début du mois d'août, cette rupture est désormais réparée. « Les expéditions de brut par ce pipeline devraient reprendre leur cours normal en 2010 », espère le président du directoire. Dans ce chapitre, le gaz a tiré son épingle du jeu en affichant une hausse de 27 % à 5 Mt. La mise en service du terminal méthanier de Fos-Cavaou en octobre pour ses premiers essais a participé à la bonne tenue de ce courant.

Une progression de 4 % sur les conteneurs

Enfin, les diverses n'ont pas échappé à cette diminution généralisée. Les trafics de conventionnel affichent une diminution de 25 %. Une tendance qui s'explique par la fermeture du haut-fourneau d'ArcelorMittal et donc des exportations de coils. Le roulant n'est pas en reste. Il perd 7 % à 4 Mt. Les nouvelles mesures douanières de l'Algérie ne sont pas étrangères à cette tendance. Et parce qu'à Marseille, les choses ne se font jamais comme on s'y attend, le trafic conteneurisé a, pour sa part, augmenté de 4 %, à 882 580 EVP. Deux raisons sont avancées pour justifier cette hausse. D'une part, les flux avec la Chine ont été dopés de 40 % l'an passé. D'autre part, cette croissance de trafic conteneurisé est plus le fait de Fos que des bassins Est. En effet, Fos voit ses trafics augmenter de 22 % à 693 712 EVP alors que sur les bassins de Marseille, les conteneurs perdent 33 % à 188 868 EVP. « En 2009, les problèmes sociaux dans les conteneurs se sont surtout concentrés dans la partie est du port. Les terminaux de Fos ont connu une stabilité sociale », note Jean-Claude Terrier. Si la Chine augmente significativement, il en est de même pour les États-Unis et Singapour. À l'inverse, l'Algérie et la Turquie voient leur volume baisser. De plus, l'Inde devient aussi un partenaire important pour le port phocéen et entre, pour la première fois, dans les dix premiers pays de destination de trafics conteneurisés.

La diminution des trafics maritimes n'a pas altéré le fluvial. Avec 13 % de hausse à 2,3 Mt, ce mode de transport a su préserver ses parts de marché. La bonne campagne céréalière a dopé les vracs solides qui progressent de 58 % à 980 000 t. La fiabilité sociale de Fos lui a aussi permis de croître sur les conteneurs. Le fleuve a transporté 55 000 EVP en 2009, soit une augmentation de 44 %. Seuls les vracs liquides ont subi une diminution de leur volume de 12 % à un million de tonnes. En 2009, le port a noué de nouveaux partenariats pour développer ce mode. Il a pris une participation dans la plateforme de Pagny sur Saône. « En 2010 nous continuons à chercher d'autres partenariats capitalistiques », a confirmé Jean-Claude Terrier.

Quant au ferroviaire, il perd quelque 25 % de son trafic, indique la direction du port. Le port fait de la croissance du ferroviaire un de ses axes de développement. Il vise à assurer 30 % de part de marché des pré et post acheminements au ferroviaire d'ici à 2013. Pour cela, il se donne les moyens de sa politique. Il souhaite mettre en place des terminaux combinés en liaison avec l'autoroute ferroviaire. D'autre part, le réseau des voies ferrées portuaires sera étendu en déplaçant la frontière entre le réseau portuaire et le réseau national. Enfin, il prévoit la mise en place d'un opérateur ferroviaire de proximité dans les prochains mois. « L'enjeu financier est important. Il représente 250 M¤ à 300 M¤. »

Faire du ferroviaire une priorité

« La crise n'entame pas les projets de développement », a souligné le président du directoire. Plusieurs projets doivent entrer en service au cours des prochains mois. Il en sera ainsi pour le terminal méthanier de GDF2, la plateforme logistique d'Ikea, l'agrandissement du terminal céréalier des Tellines, l'usine Cap Vracs et le dépôt pétrolier de Fos. Le terminal Fos 2XL, dont la date de démarrage opérationnel était prévue originellement en 2010 est repoussé à 2011 (voir ci-dessous). L'usine biodésel de Biocar doit voir les premiers coups de pioche se donner. Au cours de l'année 2010, le port prévoit aussi d'attribuer la concession du terminal voitures et de Fos 4XL. Le terminal méthanier de Faster doit entrer en débat public et l'enquête publique du stockage de raffinés pour OTMM doit s'ouvrir au cours des prochains mois. Des projets qui démontrent la volonté du port de s'adapter. Il n'en reste pas moins que des projets n'ont pas trouvé de repreneur. Le terminal conventionnel de Marseille reste orphelin. « Un espace qui doit conserver sa vocation. Nous ne changeons pas de stratégie. » L'autre projet infructueux cette année a été l'appel d'offres pour l'exploitation du terminal de Fos 3XL. « Nous n'avons pas eu de candidats », a indiqué Patrick Daher, président du conseil de surveillance, qui n'est pas inquiet pour Fos. Le terminal de Fos 3XL peut attendre et peut même se faire après Fos 4XL.

Le président du conseil de surveillance et le président du directoire sont revenus sur la réforme portuaire. La mise en place des organes de gouvernance et l'adoption du projet stratégique se sont terminées le 3 avril. Il a été modifié le 27 novembre. La Commission nationale d'évaluation a donné son accord pour trois projets : les Tellines, le terminal minéralier, le terminal à conteneur de Mourepiane. Le terminal à conteneurs de Fos (Graveleau) doit faire l'objet d'un appel à projets et la commission a aussi avalisé la création d'une filiale pour les vracs liquides. Au total, le port doit transférer 450 agents. Pour les terminaux, le port négocie avec les opérateurs les conventions.

« Nous n'avons pas d'angoisses existentielles au port de Marseille. Nous ne sommes pas en bonne santé et nous devons donc reconquérir des parts de marché. En 2010, nous avons des défis à relever. Nous serons toujours dans la crise économique et nos clients en sortiront. Tous ensemble, la communauté portuaire, nous devons retrouver le calme pour se mettre en ordre de marche. Nous vivons une année charnière qu'il ne faut pas rater sous peine de se retrouver en seconde catégorie », a conclu Patrick Daher.

Le Grand port maritime de Marseille s'endette pour le futur

Patrick Daher, président du Conseil de surveillance du GPMM, n'est pas homme à prendre ses désirs pour des réalités. « Le port de Marseille n'est pas en bonne santé après des années de pertes de parts de marché. S'il n'en regagne pas, il va tomber en seconde catégorie. Nous souhaitons retrouver notre place ». « Dans les années qui viennent, nous avons des défis à relever », a-t-il poursuivi. « Le premier est d'investir pour le futur. Le second que Marseille-Fos retrouve une attractivité, une compétitivité, une fiabilité qui lui permettra de regagner des parts de marché. » « 2010 ne nous verra pas sortir de la crise, nos clients seront toujours affaiblis, nous ne devons pas leur donner de prétexte pour déserter ». Et d'avertir « attention, nous allons vivre une année charnière qui ne permettra pas d'ajouter du désordre à la crise économique ». « La crise n'entame pas la capacité de développement du port. Nous restons sur un niveau d'investissement élevé », a rassuré Jean-Claude directeur général du GPMM. Malgré une baisse de son chiffre d'affaires (172 M¤) de 8 % en 2009, le GPMM aura réalisé un investissement record de 128 M¤. Pour cet effort colossal, le port a recouru à d'importants emprunts auprès de la BEI (68 M¤ en 2009, 55 M¤ prévus pour 2010) et pratique un taux, jugé « raisonnable », d'endettement de 30%. « C'est une décision volontariste du conseil de surveillance », souligne Patrick Daher, avant d'ajouter que si les conditions actuelles se maintiennent, l'effort ne pourra durer plus d'un à trois ans. « Nous sommes capables de faire le dos rond, mais pas très longtemps ». Heureusement, le GPMM prévoit un redressement des trafics en 2010, de l'ordre de 10 %, avec un volume de 92 Mt, grâce notamment à la mise en service de plusieurs installations.

R.V.

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