À quelques kilomètres au sud de Sens, sur les bords de l'Yonne, la CCI de Gron a inauguré le 11 janvier ses nouvelles installations portuaires. Gron fait désormais parti des plates-formes fluviales françaises.
Entré en exploitation en janvier, le port a surgi de terre en trois ans. Le port est géré par la CCI de l'Yonne. Créé un port dans une zone essentiellement rurale est venue à l'esprit des élus en 2005. Après une étude menée par le cabinet Ouromoff Elicmaï et avec le partenariat financier de l'État et des collectivités locales, il est devenu intéressant de créer sur le site une plate-forme multimodale profitant aussi de son atout fluvial.
Au total, les différents organismes ont investi 5 M¤ dont le Feder a participé à hauteur de 2,05 M¤, la CCI de l'Yonne pour 1 M¤, le Conseil général, le conseil régional et la communauté de commune ont versé chacun 510 000 ¤ et l'État a contribué au solde avec 420 000 ¤. Pour la manutention, il dispose d'un reachstacker à dévers négatif de 1,8 m pouvant manutentionner des conteneurs de 20' et 40'.
Les responsables du port souhaitent inscrire le port de Gron dans un schéma logistique du sud francilien. À proximité de l'Île de France mais sans ses inconvénients, Gron dispose d'atouts avec l'A5 et l'A6 à proximité ainsi que l'Yonne au gabarit de 1 000 t. La rénovation de l'écluse de Port Renard, au confluent entre la Seine et l'Yonne, offre de nouvelles capacités pour ce canal.
Déjà, deux sociétés sont implantées à proximité du site. Capserval, coopérative céréalière qui a construit en 2007 une zone de stockage de 35 000 t. Cette coopérative cherche à diversifier ses débouchés vers l'Asie. Pour cela, l'orge et le malt destinés aux distilleries d'Extrême Orient demandent à recevoir la marchandise en conteneurs, en raison du manque de silos. « En proposant une offre de navettes directes depuis Gron sur Gennevilliers puis Le Havre, la coopérative profite de cet outil pour s'ouvrir au marché asiatique », indique le directeur du port de Gron, Didier Mercey.
La seconde société, Prysmian, réalise des câbles d'énergie et de télécommunications. Une partie de ses tourets transite par barge vers les ports de la Manche. Quelque 12 tourets peuvent être chargés dans chaque bateau.
La CCI mise sur cet outil logistique que le port représente. Elle a créé LogiYonne, un commissionnaire en transport détenu à 90 % par la CCI. « Une solution logistique pour développer notre outil », continue le directeur du port. En charge de l'enlèvement et de la distribution des conteneurs dans la région, LogiYonne veut dynamiser les navettes fluviales. Celles-ci devraient démarrer dans le courant du mois d'avril. Pour se faire, trois artisans bateliers ont créé une société, BCS. Ils doivent acquérir un automoteur de 1 454 tpl qui assurera la liaison entre Gron et Gennevilliers. « BCS assure la liaison sur la région francilienne, où nous transborderons dans un hub pour massifier les conteneurs vers Le Havre. » Le bateau n'est pas encore disponible et doit faire l'objet d'adaptations avant d'être opérationnel. Il pourra charger 62 EVP. « Dès lors que nous disposerons d'une demande, nous envisagerons la mise en place d'autres moyens », souligne Didier Mercey.
Petit port deviendra grand
« Nous disposons de réserves foncières actuellement à la CCI de l'Yonne. » Déjà, un meunier local, les Moulins Dumée prévoient d'exporter ses farines en utilisant les installations fluviales. Opérant en grande partie sur les DOM TOM, les Moulins Dumée vont créer le fond de cale pour cette ligne fluviale. « De plus, nous avons une panoplie de PME dans la région disposées à croître à l'export », rappelle Didier Mercey. Des terrains limitrophes sont disponibles. Des réserves qui appartiennent à la CCI et peuvent être destinées, demain, à d'autres industriels pour développer les trafics. Dans la première année, le port de Gron table sur un trafic d'environ 1 000 EVP, soit environ 20 000 t, sans compter les trafics supplémentaires. La plate-forme sera saturée avec 20 000 EVP, « et déjà, la navette fonctionnera à plein avec un trafic de 2 500 EVP », continue Didier Mercey.