Avec 7,4 Mt traitées dans ses installations, Senalia réalise une campagne exceptionnelle. Une performance qui tient principalement aux exportations de céréales. Au cours de la campagne 2008/2009, le manutentionnaire rouennais a exporté 4,2 Mt de céréales, soit une augmentation de 70 %. Une progression qui permet au groupe Senalia de renforcer ses parts de marché dans le port normand. Il représente la moitié des exportations de blé, quelque 75 % de l'export des orges et plus de la moitié des trafics oléoprotéagineux.
4,2Mt de céréales exportées
Ce trafic d'exportation de céréales est principalement destiné aux marchés africains. Pour les blés, l'Afrique du nord demeure prédominante. « L'Algérie et le Maroc représentent 60% du total de l'activité », a indiqué Gilles Kindelberger, directeur opérationnel. Autre secteur en forte progression, les orges de brasserie sont expédiées par conteneurs vers l'Extrême Orient. La Chine a joué un rôle majeur dans ce trafic. « C'est un marché sur lequel nous avons déjà beaucoup progressé, ce qui nous a permis de tripler les chargements en trois ans », continue le directeur opérationnel. Selon le responsable de Senalia, ce phénomène s'explique par le déficit local en orge et ses fournisseurs traditionnels que sont le Canada et l'Australie ne suffisent pas à la consommation.
Avec 3,3 Mt, les activités de diversification du groupe ont tiré leur épingle du jeu. Le sucre se stabilise à 89 000 t, tout comme les fèves de cacao qui s'équilibre. L'usine de bioéthanol de Téréos, à Lillebonne marche désormais à 90 % de sa capacité. Elle a traité 580 000 t de blé en approvisionnement et expédié quelques 171 000 t de drèches pour 'alimentation animale.
Après avoir fait le point sur l'activité, les dirigeants du groupe Senalia sont revenus sur leur implication dans la réforme portuaire. « Elle est indispensable pour améliorer la compétitivité de nos ports français », a souligné Jean-Jacques Vorimore, président du groupe. Et le directeur général, André Laude, a insisté sur ce point : « Non seulement nous allons réussir cette réforme, mais nous allons surtout réussir à dégager les facteurs clés de développement et de compétitivité indispensables au port de Rouen. » Une réforme qui permet au groupe de se positionner sur d'autres quais. Ainsi, il s'est implanté sur le quai QBB, en amont de la Presqu'île Elie sur lequel le groupe réalise des exportations d'orge de brasserie en conteneurs et de sucre. « Nous sommes positionnés pour développer notre potentiel de déchargement de péniches et éventuellement de chargement et déchargement de navires. » De plus, le groupe s'est aussi positionné sur le Quai Caru, en amont du site de Grand Couronne. Un emplacement qui lui offre la possibilité d'accroître ses capacités de manutention fluviales.
Investir sur le canal Seine Nord
Dans le cadre de la réforme engagée, Senalia a prévu l'extension des conventions sur les quais où il est présent, le rachat des grues existantes et l'accueil d'au moins cinq grutiers sur ses sites. « Dès que leur affectation sera devenue effective, nous pourrons lever leurs inquiétudes et les assurer du meilleur accueil dans nos effectifs », a continué le directeur général du groupe. En outre, Senalia a investi dans URA (Union Rouennaise d'Acconage). URA, Manutentionnaire appartenant au groupe Sofrino Sogena, permet à Senalia de renforcer sa présence sur le port de Rouen. Et les ambitions ne s'arrêtent pas à ce niveau. « Une prise de participation significative d'URA dans la Somap élargira encore notre présence commune sur le port », a continué André Laude qui qualifie ces accords entre manutentionnaires de « puissants moteurs de compétitivité ».
Cette réforme portuaire porte aussi sur les pré et post acheminement du port. Et le manutentionnaire rouennais s'inscrit dans ce schéma notamment sur le canal Seine Nord. Il souhaite intégrer dès à présent cet élément dans sa logique de développement. « À nous d'en tirer toutes les opportunités. » Lien fluvial vers le nord de l'Europe, il doit apporter des changements dans les approvisionnements de Senalia qui voit dans ce canal un nouveau débouché. Pour réaliser ses ambitions, le groupe a décidé d'investir à Nesles/Languevoisin, « pour sa position géographique, équidistante de Rouen et d'Anvers. » Il s'agit d'offrir aux adhérents des débouchés à l'export et sur les marchés ou le groupe n'est pas présent. « À nous d'organiser ensuite une logistique compétitive entre Rouen et cette plate-forme pour tirer les céréales vers Rouen et faciliter les débouchés aux importations d'engrais de Rouen et de Honfleur et l'approvisionnement de nos adhérents, pour conjuguer cette logistique avec les flux de granulats et de sel de déneigement. »
15,8 % par fer
Cette réforme portuaire intègre aussi le développement du ferroviaire. Au cours de sa présentation, Gilles Kindelberger a présenté le poids du fer dans les approvisionnements. Il a représenté 15,8 % en 2009, soit en légère progression. Ceci grâce aux changement intervenus à Fret SNCF. « Une recherche de compétitivité, de régularité et de ponctualité, couplée à une réelle volonté commerciale, nous a permis de proposer de nouvelles rotations ferroviaire avec des tarifs redevenus attractifs. » Autant d'élément qui démontre les ambitions que le groupe a semé dans le champ de la réforme portuaire, reste à voir si la récolte sera bonne en quantité et en qualité.