Cité par le quotidien espagnol El Pais (9 août 2009), dans un article sur Tanger Med, Étienne Rocher, directeur général d'APM Terminals à Tanger Med 1, a fait une comparaison peu flatteuse pour le port andalou : « Ici on est plus efficient ». Il s'est refusé toutefois à chiffrer le différentiel de productivité que certains experts évaluent à 10 %.
À propos de la sécurité, même son de cloche : « Oui, nous avons moins d'accidents du travail ». Et de préciser : « À Algésiras, il y a des habitudes acquises qu'il est difficile d'éradiquer. Ici nous avons démarré de zéro. C'est pour cela que nous avons imposé des normes drastiques. Ainsi, par exemple, il est interdit de se déplacer à pied sur les quais ».
Le responsable d'APM Terminals ne s'est pas exprimé sur la question délicate des salaires. Saïd Elhadi, président de l'Agence spéciale Tanger Méditerranée, qui assure les fonctions d'autorité portuaire, est très explicite dans le même article : il estime que le salaire d'un ouvrier marocain « équivaut au quart de celui d'un Espagnol » et que le port offre « une ambiance plus sereine » en raison de l'absence notamment d'un statut des ouvriers de la manutention.
Le développement du port marocain offre en tout cas au groupe une marge de manoeuvre inespérée. La déviation des conteneurs depuis le port de Malaga a provoqué un effondrement du trafic qui est tombé à moins de 8 000 EVP en juin 2009 alors qu'il avait dépassé les 540 000 EVP en 2007. Mærsk Line a négocié un accord avantageux : en échange d'une garantie de trafic de 27 000 EVP par mois d'ici le 31 décembre 2010 (soit 324 000 EVP par an), l'autorité portuaire a accordé le maximum de bonifications possibles et les coûts salariaux de la manutention ont été réduits de 30%, soit « un niveau inférieur à celui d'Algésiras », selon le groupe. Résultat : au cours des trois dernières semaines, trois gros porte-conteneurs (Emma- Mærsk, Eleonora-Mærsk et Edith-Mærsk) ont escalé à Malaga et le trafic est remonté à 19 000 EVP en juillet.