La nouvelle a surpris plus d'un observateur du yard marseillais. Jean-Noël Guérini, sénateur et président du Conseil général des Bouches du Rhône a été désigné vice-président de la coopérative ouvrière de manutention Socoma lors de son assemblée générale du 29 juin. C'est à la demande de son président et fondateur, Charles-Émile Loo, le dernier des manutentionnaires marseillais comme il se baptise, que l'homme fort du PS marseillais a accepté.
« Il fallait quelqu'un qui partage la philosophie économique de notre coopérative. Il fallait aussi un porte-drapeau qui défende les bassins Est », explique Charles Emile Loo qui, à 87 ans, semble avoir résolu le problème de sa succession. Ce dernier ne cache pas qu'il a dû faire le tour de Marseille pour chercher un candidat à qui « transmettre le flambeau » de 59 ans de tradition de manutention. La coopérative avait été fondée après guerre avec Gaston Defferre grâce à l'aide de fonds américains pour contrer l'influence toute-puissante de la CGT sur le port.
Aujourd'hui, beaucoup d'eau a coulé sur le yard marseillais. Le nom de Jean-Noël Guérini se serait précisé sur la tombe de Gaston Defferre où les fidèles se réunissent en mémoire de l'ancien maire de Marseille chaque mois de mai. « Il est élu du Panier, le quartier de base des marins et des dockers. Il a toujours défendu l'intérêt du port de Marseille », précise le patron de la Socoma qui se reconnaît avec le responsable socialiste une communauté « idéologique et politique. »
« Nous aurions pu transformer la coopérative ouvrière en SAS, vendre les biens et empocher l'argent. Cela allait à l'encontre de notre existence. Chez nous, la voix du président compte comme celle de la téléphoniste en assemblée générale », explique Charles-Emile Loo qui n'abandonne pas pour autant la passerelle de la Socoma. Reste que Jean-Noël Guérini devra s'investir beaucoup plus dans les questions portuaires. Au-delà de sa quinzaine de dockers salariés spécialisés dans le roulier (20 000 journées), la Socoma-Socoman représente une pièce essentielle dans le dispositif portuaire. Notamment dans le dialogue avec les dockers CGT. Avec 24,5 % des parts de MGM (Manutention Générale Méditerranéenne), il pourra aussi s'asseoir à part presque égale avec CMA CGM (25,5 %), Dubaï Port (25,5 %) et Sea Invest (24,5 %) pour régler l'avenir de la manutention marseillaise.