Alors que les armements conteneurisés affichent des résultats dans le rouge, que les ports font état d'une baisse de trafic entre 15 % et 25 % sur le premier semestre, les opérateurs mondiaux de terminaux suivent la tendance. Seul PSA échappe à ce constat puisqu'il ne diffuse ses résultats qu'annuellement.
Le nombre de manutention est estimé avec une baisse d'environ 15 % dans le monde entier. Un chiffre que les opérateurs traduisent dans leurs rapports semestriels. Les baisses s'échelonnent entre 8 % pour les moins touchés, à l'image de APM Terminals et de Hutchison Ports Holding (HPH) jusqu'à 35,3 % pour l'opérateur allemand HHLA. Une différence qui tient principalement au marché de chaque opérateur. APM Terminals, HPH, DP World et Ictsi disposent d'opérations dans tous les pays du Monde. Ils peuvent donc compenser des pertes importantes de certaines régions par la stabilité et la progression d'autres. À l'inverse, HHLA est essentiellement présent en Europe du nord. Une région durement touchée. Dans ses commentaires sur la période considérée, HHLA explique qu'à Hambourg les trafics de feeders avec la Russie et la Baltique ont accusé une chute sévère avec -49 %. Le second effet s'est fait sentir avec la diminution de 30 % des volumes originaires d'Extrême Orient. Le seul terminal extérieur au territoire allemand de HHLA est à Odessa, en Ukraine, durement touché par la crise. Eurogate, concurrent de HHLA et présent en Allemagne, a aussi fait les frais de ces baisses en perdant 19 % de son trafic localement mais en limitant les diminutions grâce notamment à ses terminaux en Italie.
Compenser les pertes par de nouvelles acquisitions
Ces diminutions de volume, certes moindre pour les autres opérateurs, se sont répercutées sur les bilans financiers. Les chiffres d'affaires perdent entre 13 % et 21 %. Les différences entre les opérateurs tiennent notamment à l'entrée, dans les portefeuilles, de nouvelles concessions. Ainsi, DP World a su limiter les dégâts avec l'intégration comptable pendant ce semestre des ports comme Dakar, Tarragone et Doraleh qui compensent en partie les diminutions de trafic. Dans les régions dont le portefeuille est resté stable, les baisses sont plus importantes. Un autre élément intervient pour expliquer ce repli : la parité de la monnaie locale avec le Dollar américain. Les armements payant souvent leurs prestations en Dollar, la faiblesse de la monnaie américaine a accéléré les pertes. Ce paramètre a aussi des effets sur l'Ebitda (Earnings before interest, depreciation and amortization), qui mesure la rentabilité brute de l'entreprise. Dans les rapports semestriels, le repli de l'Ebitda est plus important que celui du chiffre d'affaires. Quand DP World affiche une baisse de 13,4 % de son chiffre d'affaires à 1,3 Md$, l'Ebitda plonge de 17,9 % à 535 M$. La marge opérationnelle passe de 40,8 % à 38,7 %. Une situation presque similaire pour Ictsi, l'opérateur philippin. Son revenu perd 17,2 % à 188,7 M$ alors que l'Ebitda perd 19,3 % à 79,8 M$. Hutchison enregistre des tendances identiques avec un chiffre d'affaires affichant 1 403 Md¤ (-21 %) pour un Ebit en réduction de 35 % à 404 M¤. Dans ces conditions, les opérateurs se tournent vers une réduction des coûts pour aligner les pertes de chiffre d'affaires sur celui de l'Ebitda. La recherche d'une meilleure rentabilité passe par une réorganisation interne voire par l'acquisition de nouveaux terminaux. Une stratégie que le groupe Ictsi met en place au travers de nouvelles opportunités notamment à Manzanillo, Sydney, Mombasa, Monrovia, Lagos et Freetown.
Le cas à part de APM Terminals
Dans ce concert réglé comme du papier à musique, APM Terminals fait office d'exception. L'opérateur, filiale du groupe Danois, affiche une progression de son chiffre d'affaire de 7,9 % à 1,4 Md$ et de son Ebitda de 2,8 % à 326 M$. Dans le même temps, APM Terminals a vu son volume perdre 8 %. Le groupe est intervenu dès le début de l'année sur les coûts en renégociant certains contrats et en adaptant son organisation à la situation. Des mesures qui semblent avoir porté leur fruit rapidement.
Les mois à venir ne semblent pas faire la part belle à la reprise économique. Certes, HPH note le maintien de la demande intérieure en Chine, mais l'économie reste incertaine. HHLA s'accorde sur ces perspectives en ajoutant un dièse, la baisse des trafics semble avoir atteint un plancher mais demeure à des niveaux faibles. Tous les opérateurs s'accordent sur un point. Si les investissements à venir doivent être menés, il est devenu nécessaire de regarder avec précision les modalités de leur réalisation.
