Toujours dans l'attente de l'approfondissement de l'Escaut

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Malgré la ratification par les parlements des Pays-Bas et de la Région Flandre des traités sur l'approfondissement de l'Escaut, rien ne bouge du côté néerlandais. Ces traités, après d'interminables palabres furent signés il y a trois ans. Les Néerlandais, qui font fi des traités internationaux garantissant l'accesibilité d'Anvers, trouvent toujours des arguments pour retarder l'exécution des travaux de dragage sur la partie du fleuve coulant sur leur territoire. Dernière trouvaille: présentation par les pouvoirs publics néerlandais d'une alternative - en cours d'examen au niveau de la CE - qui devrait permettre d'éviter la dépoldérisation de terres agricoles en Zélande. Il faudra donc attendre le verdict de la CE. Côté Anvers, la tension monte au sein de la communauté maritime et portuaire, qui s'impatiente, car les enjeux sont cruciaux pour l'avenir du port.

Une petite consolation, la Commission Permanente de Contrôle de la navigation sur l'Escaut composée d'autorités néerlandaises et flamandes a, après plusieurs escales tests d'ULCS de MSC, donné son feu vert à la navigation jusqu'à Anvers de navires de plus de 360 m de long. L'armement aligne depuis peu dans son service asiatique Silk des unités de 14 000/14 299 EVP, qui sont ainsi traités à son « Home Terminal » de la darse Delwaide, derrière les écluses. Toutefois, ces navires ne viennent que partiellement chargés, le tirant d'eau maximal étant limité à 13,50 m. De nouvelles évaluations, prévues en septembre/octobre devraient permettre de porter ce tirant d'eau à 14 m au départ, ceci en tenant compte du jeu des marées. L'autorisation de la CPC ne vaut que pour les ULCS de MSC. Tout autre armement souhaitant escaler avec des unités de plus de 360 m devra subir les mêmes évaluations.

Le conseil de concertation du port d'Anvers composé des dirigeants, des salariés et des autorités du port et des douanes, a cru bon présenter un mémorandum au gouvernement flamand, portant sur plusieurs priorités jugées vitales pour la sauvegarde de la compétitivité du port. La première priorité a trait à l'approfondissement de l'Escaut et partant, au gouvernement d'effectuer les démarches nécessaires auprès des autorités néerlandaises. Autre priorité; le développement de la future seconde darse à marée Saeftinghe. Le gouvernement est prié d'accélérer les choses, en ce qui concerne les expropriations et le processus décisionnel.

Il s'avère que le port a déjà des perspectives de candidatures pour cette future darse. Outre DP World et PSA, figurerait MSC qui pourrait se présenter en solitaire, mais ce serait pour 2015 au plus tôt.

L'autorité portuaire anversoise est évidemment soucieuse de veiller aux intérêts de son principal client qu'est MSC, qui l'année dernière, a drainé à Anvers un trafic de 4 010 000 EVP. Or, la direction de ce dernier a déjà ouvertement manifesté son impatience devant le blocage continu de l'approfondissement de l'Escaut. Il est évident que l'armement n'obtient pas à Anvers un rendement plus intéressant en matière de volume, des escalales de ses ULCS. En outre, si la récession économique réduit quelque peu la croissance de son trafic, MSC, dont le volume de trafic était en baisse de 8 % à Anvers fin mai, devrait quand même approcher, voir légèrement dépasser le score de 2009. À la mi juin, il redirigeait vers Anvers son service asiatique Lion (une dizaine d'unités de 9 200 à 10 000 EVP), tandis que le service Silk passe progressivement à l'échelle d'unités de 13 200 à 14 000 EVP. La croissance du volume étant ralentie, MSC dispose encore à Anvers d'une capacité en terminal de l'ordre de 15 %. S'il n'y a pas urgence pour l'instant, le problème d'une capacité supplémentaire reste d'actualité. Or les négociations avec PSA (50 % du Home Terminal), s'éternisent. Il y a certes des alternatives. MSC pourrait utiliser le terminal à marée Noordzeeterminal que PSA dédie en partie à Hapag-Lloyd, dont on ignore quelle sera la prochaine évolution et l'importance future dans le port scaldien. Il serait possible d'utiliser une bonne partie du Deurganckdok Terminal de PSA sur la rive gauche. Toutefois, dans les deux cas, le problème du tirant d'eau subsiste. Il semblerait qu'à Singapour on soit enclin à faire traîner les choses peut-être dans le secret espoir d'attirer les ULCS de MSC au futur terminal que le manutentionnaire aménage dans l'avant-port de Zeebrugge sur un des versants de la darse Albert II. Or, MSC n'est pas intéressé par Zeebrugge pour des raisons de coûts de logistique terrestres. Autre alternative; le rachat des 600 m de quai restant du terminal que DP World exploite encore à la darse Delwaide (MSC a déjà repris la première partie), ce qui assurerait une capacité supplémentaire de quelque 500 000 EVP/an. Ceci pour autant que DP World soit vendeur. Entre-temps, la direction de MSC est constamment sollicitée par Rotterdam et ECT dans le but d'obtenir un ancrage beaucoup plus important. Outre des conditions tarifaires exceptionnelles, l'argument mis en exergue par les Néerlandais est qu'Anvers n'a pas les profondeurs d'eau nécessaires. La direction du port d'Anvers est consciente de ces manoeuvres et s'efforce de les contre-carrer, mais n'a pas l'intention dans les circonstances actuelles de se lancer dans une gerre tarifaire. Il est évident que les Néerlandais n'ont pas intérêt à activer le dossier de l'approfondissement de l'Escaut.

Le conseil d'État néerlandais sabote les traités

Il fallait s'y attendre. Le Conseil d'État néerlandais a rendu un arrêt dit provisoire, qui a pour effet de susprendre la décision sur le tracé et le permis de l'élargissement du chenal sur l'Escaut menant au port d'Anvers. L'autorisation de procéder aux dragages nécessaires en territoire néerlandais est donc suspendue. Le conseil d'État a réagi en fonction des objections formulées par la fédération zélandaise de la protection de l'environnement et des oiseaux. Les schorres non endigués, aménagés avec des boues de dragages n'offrent pas une garantie pour le maintien de la nature. Conclusion: Le programme des dragages est reporté d'au moins six mois, pour autant que le Conseil d'État émette un arrêt favorable par la suite, ce qui veut dire que l'achèvement dudit programme ne pourra pas avoir lieu comme prévu pour la fin de cette année.

Le petit jeu continue. Dans les milieux maritimes belges certains sont d'avis que les Néerlandais trouveront toujours des moyens pour empêcher cet approfondissement et continueront à berner les autorités belgo-flamandes.

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