Porté sur les fonts baptismaux par la Fédération nationale des ports et docks (FNPD), le tout nouveau syndicat CGT des agents des bassins Ouest du Grand port maritime de Marseille, dirigé par Robert Cret, a décidé de s'associer au puissant syndicat des dockers de Fos, conduit par Stephan Stamatiou. Deux hommes à forte personnalité qui entendent rappeler aux futurs exploitants de Fos 2XL leurs engagements en termes de trafics et ce, en dépit de la crise.
Une, deux, trois adhésions. En ce 20 juillet, l'activité bat son plein à l'Union locale CGT de Port-St-Louis du Rhône, en dépit de la torpeur estivale dans laquelle est plongé le petit port de plaisance. Le nouveau syndicat CGT des personnels techniques d'Exploitation et de maintenance des terminaux de marchandises du GPMM fait le plein de nouveaux adhérents venus chercher leurs cartes et payer leur cotisation. Au rez-de-chaussée du bâtiment, une quinzaine de dockers et d'agents se pressent dans la salle de réunion pour leur toute première conférence de presse commune. Le moment est important. Historique dans l'histoire syndicale nationale. Durant près de deux heures, les deux hommes reviendront sur la genèse de leur démarche qu'ils qualifient d'innovante.
« C'est un projet singulier en France qui n'existe nulle part ailleurs. Ce n'est pas pour cela qu'il est contraire à notre Fédération car tout se construit avec elle. Nous avons combattu la réforme des ports, les orientations stratégiques ont été validées. Les ports et les organisations syndicales sont à même d'imaginer le lendemain des quais », résume Stephan Stamatiou, leader CGT des 700 dockers des bassins Ouest.
Robert Cret, secrétaire général de 200 agents portuaires, parle de révolution : « Les décideurs n'osaient même pas rêver qu'une telle chose puisse arriver. Il nous a fallu du courage pour anticiper la loi sur la réforme des ports et réfléchir à autre chose. En créant ce syndicat, nous avons l'opportunité de travailler ensemble sur Fos et une chance historique de gagner 10 ans en faisant en sorte que le port se développe ». Divisée et affaiblie à l'Est, la CGT donne à l'Ouest l'image d'un « syndicat fort » et uni. Depuis quelques semaines, les deux responsables syndicaux ont entamé une tournée auprès des professionnels portuaires (dirigeants du GPMM, armateurs et opérateurs de manutention) pour « les éclairer » et qu'ils « se mettent au travail », « négocient le contenu social » sur les terminaux à conteneurs de la Darse 2 et qu'ils « respectent leurs engagements » tant du point de vue des investissements que des trafics.
« Ceux qui ont demandé cette réforme doivent être en capacité d'honorer leurs CET (Convention d'Exploitations de Terminaux, ndlr). Or, avec la crise, elles sont en passe d'être rediscutées. Les règles du jeu ne doivent pas être modifiées. Nous allons faire comme si la crise n'avait aucun impact sur les trafics. Il va falloir engager les financements et aller chercher les marchandises au coeur de l'Europe par le fleuve et le rail », prévient Stéphan Stamatiou. Qu'ils soient dockers ou agents, les syndicalistes de l'Ouest aimeraient que les incertitudes qui planent sur les conditions d'exploitation des futurs terminaux privés de MSC et Port Synergy soient levées. Ils s'inquiètent également de la nouvelle configuration de l'actuel terminal public de Graveleau, le GPMM ayant demandé à Eurofos et Seayard de rebattre les cartes. Interrogés sur l'interchangeabilité de leurs professions, dockers et agents estiment qu'il est un peu tôt pour l'évoquer même si, à terme, ils savent que « le docker qui entrera sur les quais sera en capacité de conduire les portiques ». La révolution est en marche.