L’économie de la manutention portuaire mondiale a connu deux vagues. La première, au cours du premier semestre, avec une croissance de 8 %, et cela malgré la baisse de volumes enregistrée dans les terminaux américains. Dans la seconde moitié de l’année, les volumes se sont ralentis. Au final, sur l’année complète, le marché de la manutention a connu une croissance de 4 %. Une économie qui se traduit dans les résultats financiers publiés par les grands groupes de manutention, en cette fin de mars. Tous affichent une augmentation de leur chiffre d’affaires. Elle varie entre 4 % et 20 %, selon la compagnie. En bas du tableau de la croissance apparaît Hutchison Ports Holding qui voit son chiffre d’affaires progresser de 4 %. En haut, DP World remporte la palme avec 20 % de hausse. En valeur absolue la différence est moindre. En effet, les 4 % de croissance de HPH représentent 167 M€ alors que les 20 % de DP World entrent pour 417 M€.
L’Ebitda (earnings before interest, tax, depreciation and amortization) a suivi la courbe du chiffre d’affaires. Seule exception à cette règle, Port of Singapore qui perd 23,2 %. Une tendance qui tient à l’augmentation des coûts de personnel et de maintenance des équipements. Ces deux postes augmentent respectivement de 11,5 % et 12,2 % au cours de l’an passé.
Quant aux volumes traités, ils sont tous en augmentation. À prendre une croissance moyenne dans le monde à 4 %, seuls Hutchison Ports Holding (HPH) et HHLA obtiennent une note en dessous de la moyenne.
Dès la fin du premier semestre, les manutentionnaires ont senti les premiers effets de la crise avec un ralentissement des volumes. Ils ont conservé malgré tout leur stratégie d’expansion dans le monde. Ces groupes, à l’image de Ictsi, ont une vocation à devenir de plus en plus international. Ainsi, les terminaux à l’international du groupe philippin qui représentaient 38 % en 2006, entrent désormais pour 51 % en 2008. APM Terminals n’a pas emporté de nouvelles concessions au cours de l’année mais a cédé ses parts dans le port pakistanais de Port Qasim. L’opérateur, basé à La Haye, a enregistré une croissance de ses volumes de 8 %, « soit au dessus de la moyenne mondiale, note le rapport annuel de Mærsk. À retirer la baisse de volume des terminaux américains, notre croissance aurait affiché un taux de 12 %. »
HPH en Suède
DP World a continué son expansion en se tournant vers l’Afrique. Le groupe de Dubaï a démarré les opérations sur le terminal de Dakar (Sénégal), à Sokhna (Égypte), Djibouti et au Moyen Orient en reprenant les installations des ports d’Aden et de Ma’alla, au Yemen. En Europe, l’opérateur continue d’accroître sa présence avec son entrée à Tarragone. Pour les prochains mois, DP World continue ses travaux à Callao (Pérou) et Ho Chi Minh, dont les ouvertures sont prévues en fin d’année ou début d’année prochaine. D’autres terminaux vont venir grossir le portefeuille du manutentionnaire de Dubaï. Djen Djen et Alger, en Algérie, et Brisbane en Australie, vont rejoindre la tutelle du groupe. La même stratégie est appliquée par HPH. Après avoir pris pied dans les principaux ports conteneurisés du monde, le groupe de Hong-Kong semble prendre un virage vers des ports de moindre importance. Il vient ainsi de reprendre la concession du terminal à conteneurs du port de Stockholm et a remporté la concession du port de Norvikudden, au sud de Stockholm pour y développer un autre terminal. De plus, HPH a pris des participations dans deux terminaux en Europe. Il est entré au capital d’Amsterdam Container Terminal et dans celui de Tarente, géré par l’armement Evergreen.
Enfin, parmi les derniers terminaux concédés en Europe, celui du Pirée a fait couler beaucoup d’encre. Attribué au groupe chinois Cosco Pacific, Le Pirée subit encore parfois des mouvements sociaux d’opposition des travailleurs locaux.
Après avoir assis leur stratégie sur le développement, les groupes de manutention s’attendent, cette année à des semaines difficiles. Eddie Teh, président de Port of Singapore Authority, est dubitatif. « Je sens que cette année sera difficile. Tous les regards se tournent vers le sauvetage et les stimuli des gouvernements pour éviter le naufrage des économies. » DP World prévoit un déclin de 8 % avec une exception dans les Émirats Arabes Unis, moins touchés par la crise. « Notre modèle économique basé sur une diversité des sites sur les continents nous permettra de faire face à la crise », a déclaré le président de DP World, le Sultan Ahmed Bin Sulayem. Pour HHLA, le moyen de faire face à cette crise par un recours à des sous traitants, notamment sur la maintenance.