Avec un peu d’avance sur ses homologues, le président du directoire du Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire (GPMNSN), François Marendet, a présenté le projet stratégique. « Il s’agit d’un programme d’orientation », précise le président du directoire. Le premier point vise à créer une offre logistique intermodale. « Après avoir dressé un bilan des filières, nous avons constaté que la principale source d’emplois dans le port revient à la logistique. Nous devons donc adapter notre port à ce défi. » Et pour ce faire, le port ligérien souhaite modifier son terminal à conteneurs. Implanté à Montoir, le quai est en courbe. L’objectif est d’allonger l’espace dédié aux conteneurs en prenant sur le terminal roulier actuel pour ajouter des postes de manutention et résorber ce handicap de courbe. Le terminal roulier sera déplacé à l’aval du pont et disposera de la même superficie qu’actuellement. Au final, le terminal à conteneurs dans sa nouvelle configuration offrira 1 500 m de linéaires de quai sur une profondeur de 500 m avec un tirant d’eau de 14,5 m. « Nous prévoyons une mise en service opérationnelle d’ici à cinq ans », précise le président du directoire qui se met comme objectif d’atteindre rapidement un trafic de 500 000 EVP. Pour compléter cette offre, le port mise aussi sur l’intermodalité. Il souhaite développer l’activité fluviale. En septembre, Marfret aurait dû démarrer une rotation mais des incidents avec la barge ont suspendu ce projet. Un retard qui n’obère pas des potentialités du fleuve. « La Loire est un atout et nous réfléchissons à développer ce mode avec des unités spécialement adaptées à ce fleuve avec un faible tirant d’eau pour remonter jusqu’à Angers, voire au-delà », continue François Marendet.
Dans ce contexte de réflexion globale sur les trafics du port, le projet stratégique entérine la décision d’une « nouvelle approche sur Donges Est ». Combat du port pour récupérer des terrains, le site de Donges Est n’apparaît plus primordial au développement. « Les trafics de vracs agroalimentaires et industriels se développent. Sur le terminal multivrac nous disposons d’espace. Donges Est n’est pas une nécessité à notre essor. Nous allons affecter la partie nord de ce site à un terminal ferroviaire quand la partie sud sera aménagée en zone environnementale. » Une position qui doit ravir les défenseurs de l’environnement.
Second point de ce projet stratégique, le port souhaite mettre en place une politique commerciale concertée en sensibilisant les chargeurs sur l’intérêt d’utiliser le port.
Le troisième volet vise à améliorer la politique d’accueil des navires. « Nous voulons offrir une sécurité plus grande pour les navires, d’autant plus que le trafic de marchandises dangereuses devrait se développer », explique le président du directoire. Le port prévoit donc une plus grande concertation avec les intervenants et l’optimisation des moyens.
Le quatrième volet touche à une plus grande concertation avec les associations de défense de l’environnement et les industriels pour sensibiliser tous les intervenants. Et dans ce domaine, le port s’engage dans une politique pragmatique en proposant des réponses opérationnelles à tous.
Le cinquième point de ce projet doit engager une réflexion sur la partie industrielle et la valorisation des sites. « Nous devons réfléchir à l’articulation entre la ville et le port. » Et parmi les projets du port, celui de faire du transport fluvial dans la ville de Nantes, notamment pour les déchets.
Les deux derniers points reprennent l’essentiel de la réforme portuaire. Ils concernent la gouvernance et le transfert des activités de manutention. Sur la gouvernance, le port souhaite donner au conseil de développement un rôle « ouvert ». Cette assemblée doit être un lieu d’échange et de concertation, « il ne s’agit pas d’en faire une simple chambre consultative », précise le président du directoire. De plus, dans ce chapitre de la gouvernance, le port y ajoute la modernisation de son management. « Nous sommes organisés en mode projet avec un fonctionnement matriciel, ce qui nous permet d’impliquer tous les salariés sur l’avenir de notre établissement. » Enfin, le sujet de la manutention est abordé. Le port a présenté son projet d’allotissement des terminaux. Il vise à définir un terminal sur Nantes, un terminal charbonnier, un terminal multivrac et un terminal à conteneurs. Le port a pris des contacts avec les manutentionnaires historiques, même s’il ne cache pas avoir été contacté par des groupes de manutention internationaux. Si le découpage ne fait pas débat, selon le port, la nécessité de voir les entreprises de manutention se regrouper est essentielle. Quant aux prises de participation du port dans les terminaux, elles ne seront pas automatiques. « Des sociétés nous ont demandé d’entrer avec elles au capital de la société mais cela ne sera pas automatique. » Dans le cadre des discussions sur la manutention intervient bien entendu le volet de la maintenance. Le port envisage de créer une filiale avec des opérateurs privés, soit des entreprises spécialisées dans la maintenance soit des opérateurs de manutention. Un sujet important puisque sur l’ensemble des salariés concernés par ce transfert, un tiers doit rejoindre les sociétés de manutention et le solde est destiné à travailler dans la maintenance. L’heure est maintenant aux négociations avec les partenaires sociaux et économiques.
Projet stratégique ligérien: les contre-propositions de la CGT
Le syndicat CGT des personnels du grand port maritime de Nantes/Saint-Nazaire a profité de son assemblée générale pour présenter ses contre-propositions au projet stratégique portuaire ligérien. Elles s’articulent sur l’exploitation et la maintenance. « Il faut que l’outillage à Nantes reste sous exploitation GPM, étant donné le faible trafic », estime Yves Tual délégué du syndicat CGT. Le terminal charbonnier à Montoir étant pratiquement le fournisseur exclusif de la centrale de Cordemais, la CGT réclame qu’il soit classé d’intérêt national et que l’outillage soit régi par le port. Le volume du terminal agroalimentaire étant important, la CGT considère que les opérateurs peuvent l’acquérir dans le cadre d’un groupement d’utilisateurs, avec une participation du port « pour éviter toute situation monopolistique ». Pour le TMDC (terminal à conteneurs de Montoir), le syndicat souhaite qu’il reste sous exploitation du port tant qu’il n’y a pas un volume nécessaire pour un opérateur ou un groupement d’opérateurs. Quant aux bassins nazairiens -les volumes étant faibles comme à Nantes- la CGT désire qu’ils restent exploités par le GPM. Concernant les personnels: 85 grutiers, 49 dépanneurs et les 20 agents de maîtrise, « nous demandons que ces gens soient pris dans le cadre d’un GIE d’entreprises. Quant aux 140 personnes qui s’occupent de la maintenance pure, les gros arrêts techniques, nous souhaitons qu’ils restent en régie GPM », précise Yves Tual.