Il était seul en lice. Aucune surprise donc: Gilles Fournier a été élu, le 6 février, président du Conseil de surveillance du Grand port maritime du Havre (GPMH). Son mandat est de cinq ans mais dans trois ans, atteint par la limite des 65 ans, il devra en principe laisser sa place à une autre personnalité du monde économique. Gilles Fournier succède à Jean-Pierre Lecomte qui a présidé durant un peu plus de dix ans le conseil d’administration du port autonome; il a été nommé président honoraire. Signe de continuité d’une instance à l’autre – du port autonome au grand port maritime – Christian Leroux, le président de l’Union maritime et portuaire du Havre, conserve ses fonctions de vice-président du GPMH.
« Dans un contexte économique qui n’est pas simple, j’espère pouvoir apporter mon éclairage industriel », souligne Gilles Fournier. Car en effet, le nouveau président du Conseil de surveillance a accompli l’essentiel de sa carrière professionnelle dans l’industrie (lire encadré). À son niveau, Gilles Fournier veut pouvoir agir pour redresser la barre. « On ne peut pas se satisfaire de cette situation et se contenter de dire que les grands ports du nord de l’Europe sont plus forts que nous », explique-t-il.
Avec la volonté d’être « ambitieux », Gilles Fournier veut insuffler un nouvel élan. Pour cela, il place sa confiance dans le président du Directoire, Laurent Castaing, qui planche actuellement sur le projet stratégique du GPMH. Il sera adopté début avril après avoir recueilli l’avis du Conseil de développement. Déchiré il y a quinze jours par la CGT, le document doit être amendé; c’est ce que lui a demandé le Conseil de surveillance lors de sa séance d’installation. Une réunion de discussion avec le syndicat majoritaire est prévue d’ici une quinzaine de jours. Autre dossier capital qui attend Gilles Fournier et le président du Directoire: les trafics. Après une année 2008 en demi-teinte – même si le trafic global a légèrement progressé grâce au pétrole, le nombre de conteneurs a reculé – le port est confronté à de nouvelles difficultés. « Nous sommes sur des baisses à deux chiffres », confie Laurent Castaing, sans en dire davantage. Sauf en matière de trafic roulier où, selon lui, la situation est « dramatique ». Face à cette situation, qui met en péril plusieurs entreprises portuaires, le port pourrait décider très prochainement d’actionner un levier économique afin de permettre aux sociétés de réduire leurs frais fixes. Comment? L’une des voies explorées consisterait à revoir les loyers à la baisse, calculés sur les surfaces utilisées et non plus sur les emprises foncières globales. Objectif: passer la tempête avec le moins d’encombres possibles.
Le calendrier du GPMH
L’installation du Conseil de surveillance, qui se réunira quatre fois par an contre six pour l’ancien Conseil d’administration, est le premier acte de la mise en place de la nouvelle gouvernance. Voici les prochains rendez-vous.
– Laurent Castaing, directeur général du port du Havre depuis octobre, est désormais le président du Directoire. Dans les prochains jours, il nommera trois de ses collaborateurs pour figurer dans cette instance de direction.
– Le Conseil de développement, qui comptera 30 membres, est en cours de constitution. Plus de demandes que de places disponibles… C’est donc le préfet qui va procéder à des arbitrages. Ce conseil sera installé d’ici la fin février. Il disposera d’un mois pour étudier le projet stratégique.
– Le projet stratégique sur lequel planche Laurent Castaing a été présenté le 6 février au Conseil de surveillance. Il sera voté lors de la séance du vendredi 3 avril.
Une vie dans l’industrie et la navale
Toute sa carrière professionnelle, il l’a bâtie dans l’industrie et la construction navale. Aujourd’hui, Gilles Fournier, 62 ans, veut donc mettre ses connaissances du monde de l’entreprise au service de la communauté portuaire. Ingénieur de l’École nationale supérieure d’électronique électromécanique de Caen (promotion 1969), ce dirigeant a accompli sa carrière dans sa ville natale. En 1971, il entre comme attaché de direction dans le groupe de maintenance industrielle Fouré-Lagadec. Un peu moins de vingt ans plus tard, en 1990, il en prend la présidence. Aujourd’hui, l’entreprise, qu’il préside toujours, est fortement implantée dans la chaudronnerie, la maintenance, mais également dans le domaine de la marine avec, par exemple, la production de stabilisateurs anti-roulis. Gilles Fournier a également été le président des chantiers navals ACH, au Havre, entre 1997 et 2000. Une entreprise que dirigea pendant longtemps son père, Gilbert. Jusqu’en janvier, il était également président de l’Union des industries des métiers de la métallurgie de la région havraise et vice-président de l’UIMM en Haute-Normandie.