Malgré la crise et une année sociale difficile, le Grand port maritime de Rouen (GPMR) affiche globalement de bons résultats. Le trafic 2008 du port a enregistré une hausse de 2 % par rapport à 2007, avec un record de 22,7 Mt. Cette progression bénéficie du rebond des vracs solides avec 9,2 Mt, en hausse de 20,4 %. Le Grand port maritime de Rouen conserve sa place de premier port européen céréalier avec 6,3 Mt. En revanche les vracs liquides, qui constituent la première part des trafics du GPMR, n’ont pas été épargnés par la crise et sont en repli de 7,7 %. Cette diminution est due au recul des produits pétroliers raffinés, touchés par le ralentissement des exportations d’essences vers les États-Unis. Cependant elle a pu être compensée par la progression des trafics d’autres vracs liquides (engrais liquides, d’huile de soja et de colza, etc.), qui ont augmenté de 15,5 % à 2,6 Mt. À l’instar des trafics d’engrais solides, les vracs solides non alimentaires (charbon, granulats, agrégats, laitiers, etc.) marquent une progression de 19 % à 2,8 Mt. Le trafic papetier a également connu une légère progression à 0,6 %.
Pour sa part, le trafic conteneurs a baissé de 7 % à 142 000 EVP. Une diminution liée aux mouvements sociaux qui ont secoué le port de mars à novembre.
« Mais nous n’allons surtout nous contenter de ce résultat 2008, bien que satisfaisant », a souligné Philippe Deiss, Directeur général du GPMR, qui précise que si la crise impactera inévitablement l’activité en 2009 « le port de Rouen est relativement moins exposé, du fait de son positionnement, sur l’axe Nord-Sud et de son activité « groupage » spécifique ». Pour le nouveau directeur rouennais, l’objectif d’ici 2020 est d’augmenter de 20 % les activités du port soit 5 Mt par an via la création de 500 emplois.
L’année qui commence sera marquée par la mise en place de la réforme portuaire votée en juillet ainsi que la continuité des études pour l’approfondissement du chenal d’accès. Pour Philippe Deiss « 2009 sera, pour le jeune Grand port maritime de Rouen, l’an 01 de la réforme. » Réforme qui devrait s’articuler autour de trois objectifs: développer l’activité économique, aménager et développer les espaces. L’autorité portuaire normande est actuellement dans une phase de discussion, tant avec les partenaires sociaux que les opérateurs privés. Un dialogue social parfois difficile, note la direction du port et les manutentionnaires. Selon les premières estimations, une centaine de personnes du port devraient être détachées dans des sociétés privées. La répartition entre les grutiers devant rejoindre les entreprises de manutention et les personnels de maintenance n’est pas clairement établie. « Pour la maintenance, nous réfléchissons à créer une filiale avec des sociétés spécialisées dans la maintenance industrielle », indique le directeur général. Et Martin Butruille, directeur commercial du GPMR affiche sa détermination à réussir ces changements: « Toutes les négociations ayant abouti et celles en cours intègrent les opérateurs privés. Nous ne mettrons donc en œuvre qu’ensemble, opérateurs privés et Grand port Maritime de Rouen, cette réforme attendue depuis des années. »
Parallèlement à la réforme portuaire, le port de Rouen avance. Il travaille sur l’amélioration des accès nautique du port, un projet initié par la précédente directrice générale du port, Martine Bonny et repris par Philippe Deiss. L’objectif est d’améliorer le tirant d’eau d’un mètre en déroctant les quelques buttes du chenal d’accès en Seine.
Un projet qui doit permettre au port d’atteindre un trafic avoisinant les 30 Mt « en jouant sur une grande diversification des trafics, en marchandises diverses comme en vracs ». Le coût prévu pour les travaux de dragage du chenal et l’adaptation des infrastructures portuaires s’élève à 18 M€.
« En 2007, note Philippe de Dehays, président de l’Union Portuaire Rouennaise, le secteur privé a investi 32,5 M€ et quelque 170 M€ de réalisation sont attendus au terme de la période 2008-2009 voire 2010. » Outre les quatre grands projets du port, Philippe Dehays a rappelé le rôle des opérateurs privés dans le développement du port. Un certain nombre d’investissements sont attendus pour 2009 avec, notamment, la mise en service d’un entrepôt de 20 000 m2 par AMB sur la zone logistique de RVSL (Rouen Vallée de Seine Logistique), d’une nouvelle cuve de 20 000 m3 par Rubis Terminal, etc.
Enfin Philippe Deiss a fait part de sa volonté de travailler conjointement avec le port de Paris et du Havre. Rouen étant « le port maritime de Paris pour une part de ses approvisionnements. » Une stratégie qui s’inscrit aussi dans le cadre de la réforme portuaire qui incite les ports à travailler en plus étroite coopération.
Le transport fluvial: un nouveau défi pour le GPMR
Rouen, un port maritime qui a privilégié très tôt la desserte fluviale. La place portuaire rouennaise s’est étonnée, l’an passé, de la précipitation du gouvernement à construire Seine Nord, un canal à grand gabarit qui relie la région parisienne avec le nord de l’Europe, alors que d’autres alternatives semblaient plus intéressante. Revirement de position ou signe d’un changement de direction, le Grand Port Maritime de Rouen est aujourd’hui persuadé de l’utilité de ce canal. « Une artère qui permettra de drainer certains vracs vers Rouen comme les céréales depuis la Picardie, et d’aménager des espaces logistiques pour à terme, fixer la marchandise », note aujourd’hui la direction du port. De plus, ce projet s’inscrit parfaitement dans le Grenelle de l’environnement, souligne la direction générale du port.