Le bilan de la campagne céréalière n’est pas dramatique. Avec 5,2 Mt manutentionnées, dont 2,5 Mt de céréales à l’export, Senalia affiche une progression de 9 % de son volume. Installé sur les bords de Seine, dans le port de Rouen, le groupe, basé à Chartres, a conforté sa place sur le marché avec 53 % du trafic traité dans le port. « Le groupe a bien résisté, a rappelé André Laude, directeur général du groupe, en poursuivant sa diversification dans le bio éthanol à partir de blé, en poursuivant ses efforts de productivité dans tous les domaines en intégrant les nouvelles contraintes qui s’imposent à nous tous. »
Les activités céréalières et oléo protéagineuses à l’export ont représenté un trafic de 2,48 Mt, en diminution 11,1 %. Au cours des trois dernières campagnes, le trafic export de céréales du groupe Senalia baisse. « Nous nous sommes largement redressés », a indiqué Gilles Kindelberger, responsable logistique du groupe. La part de marché du groupe dans les exportations a augmenté passant de 46 % à 53 %. Dans son discours, le président de Senalia, Jean-Jacques Vorimore est revenu sur le métier de base du groupe, l’export de céréales. Après la campagne médiocre de 2007-2008, le président s’interroge sur les conditions à améliorer pour les prochaines années. « Sans un fort courant d’exportation, nous ne pourrons pas équilibrer le bilan céréalier 2008-2009. » Mais, sur le marché la concurrence est vive, notamment avec les pays d’Europe orientale qui bénéficient de l’aménagement du Danube pour leurs exportations. « À coup sûr, leur compétitivité sera forte sur les céréales fourragères et pèsera sur les prix de ces productions. » Si les productions d’Europe orientale doivent alimenter le marché intra-européen, il est devenu nécessaire pour le marché français de se concentrer sur le marché des pays tiers, selon le président de Senalia, qui y voit une source de profits. Alors comment faire pour améliorer les conditions à l’export des céréales françaises? Le groupe céréalier s’est alors penché sur les réponses. « Nous devons compter sur nos propres forces, les organiser, les rendre performantes, mettre en place les complémentarités et les synergies des outils », a souligné Jean-Jacques Vorimore. Parmi les actions pour améliorer les conditions à l’export, Senalia cible ses objectifs commerciaux. Si le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest sont des clients fidèles, Senalia souhaite conforter sa position avec l’Égypte, premier importateur mondial. Intervenant comme invité extérieur, Philippe Chamelin, professeur d’économie à Dauphine, est venu rappeler que le prix du pétrole est un facteur important. « De nombreux pays producteurs de pétrole font partie de vos clients. Quand le prix de l’or noir baisse, ce sont leurs capacités d’acheter des céréales qui s’amenuisent. »
Senalia a développé au cours des années une diversification de ses activités. Ainsi, son partenariat avec Saipol a été porteur l’an passé. La capacité de trituration de l’usine a été portée à plus d’un million de tonnes de graines de colza au cours de la campagne précédente. Sur le sucre, le terminal Robust de Rouen souffre des réformes européennes dans le secteur. À lui seul, ce terminal réalise mieux que l’ensemble des ports français réunis avec un trafic de 84 000 t. « Une réforme qui masque la visibilité pour le futur », a souligné le responsable logistique du groupe. Quant aux fèves de cacao, leur volume se replie au cours de la campagne.
L’année passée a été aussi marquée par la mise en marche de l’usine de bio éthanol de Lillebonne. Si le démarrage n’a pas été optimum dès la première année d’exercice, cette usine a malgré tout accueilli 60 % de sa production, « une performance au regard de la complexité des outils industriels mis en œuvre », souligne le manutentionnaire rouennais.
Un acteur de la réforme portuaire
Manutentionnaire dans le Grand Port Maritime de Rouen, Senalia se positionne sur la réforme de l’organisation portuaire française.
André Laude, directeur général du groupe, a indiqué que le plan de relance des ports français est un élément essentiel de l’environnement du groupe. « Pour ce qui concerne nos activités actuelles, nous sommes déjà propriétaires de nos outillages portuaires. Nous employons des grutiers permanents du port que nous allons intégrer dans nos effectifs », a indiqué André Laude. Senalia va encore plus loin. Le groupe de manutention souhaite intégrer ses activités dans le projet stratégique du port de Rouen. Il vise à prendre des positions sur le quai Carrue à Grand Couronne. « Nous devons pouvoir disposer de moyens nécessaires au développement des péniches en céréales notamment pour les exportations de tourteaux et les importations de graines ».
Des pré et post-acheminements dominés par la route
L’hinterland céréalier de Senalia se concentre sur la Normandie, la Picardie, l’Île-de-France et le Centre. L’acheminement depuis les lieux de collecte vers les silos rouennais se fait principalement par la route. Ce mode emporte encore 70 % des arrivées. La voie d’eau entre pour 20 % des transports et le fer pour les 10 % restants. Un schéma qui se répète aussi pour les entrées de blé de l’usine de bio éthanol de Lillebonne. Avec 293 000 t reçues par camion, cette usine réceptionne 64 % de ses trafics par camion alors que 3 % sont réceptionnées par voie fluviale. En sortie, les drêches partent encore par la route (85 %) et la voie d’eau emporte 14 % de ces trafics, notamment vers le Royaume-Uni.