Le trafic 2008 du port de Dunkerque affiche un nouveau record avec 57,7 Mt, en progression de 1 %. « Nous étions sur une tendance de + 3,5 % à fin novembre. Les premiers ressentis de la crise de la sidérurgie au mois de décembre nous a fait perdre notre avance », a indiqué Martine Bonny, futur présidente du directoire du Grand port maritime de Dunkerque qui note malgré tout que ce score s’inscrit dans une continuité. Sur les sept dernières années, le port a vu ses trafics augmenter. L’analyse par courants montre une progression pour les vracs liquides de 6 % à 14,8 Mt. Le brut perd 8 % avec l’arrêt de la raffinerie au cours de l’année. Ces diminutions sont compensées par la bonne tenue des autres vracs liquides, notamment d’huile pour les bio carburants. Du côté des vracs solides, la diminution atteint 3 % à 26,8 Mt, en raison de la crise de la sidérurgie. Les minerais accusent un fort repli alors que le charbon et les céréales ont réalisé de bonnes performances. Enfin sur les trafics de diverses, la situation est meilleure. Ils progressent de 3 % grâce aux aciers, au trafics rouliers avec la Grande Bretagne et aux conteneurs. S’agissant de ce dernier poste, le port totalise un trafic de 215 000 EVP en 2008, soit une hausse de 9 %. Plusieurs facteurs expliquent cette performance. D’une part, l’arrivée du service FAL 3 de CMA CGM ouvre de nouvelles perspectives pour le port septentrional. D’autre part, Mærsk Line est revenu avec son service AE10, alors qu’il a retiré en mars un service sur l’Asie. « Ce retour de l’armement danois montre que les chargeurs préfèrent utiliser des armateurs qui sont au plus près de leurs préoccupations », a souligné le président du port, François Soulet de Brugières qui est responsable logistique du groupe Auchan. Enfin, l’armement MSC assure la desserte de Dunkerque par feeder depuis quelques mois, « des lignes qui montent régulièrement en puissance », a précisé Pierre Joly, directeur commercial du port. Enfin, depuis le mois d’avril, le retour des trafics de bananes avec la Martinique et la Guadeloupe concluent les points marqués par ce port.
L’année passée a été marquée par plusieurs investissements réalisés mais aussi par les premiers pas dans le cadre de la réforme portuaire. Ainsi, à titre d’exemple, un second d’Albe a été mis en place au QPO (Quai à Pondéreux Ouest) pour traiter simultanément deux minéraliers. Le barreau Saint Georges, axe ferroviaire qui permet de dessaturer la Voie des Huttes, est en cours d’achèvement. Le terminal à conteneurs a fait l’objet de rénovation de son terre plein et l’opérateur NFTI a investi dans deux nouveaux portiques. « Avec ces travaux, ce terminal est digne d’être maintenant un vrai terminal à conteneurs », a souligné Martine Bonny.
L’année qui s’annonce n’est guère rassurante. « Nous manquons de lisibilité », a indiqué la présidente du directoire qui reconnaît avoir des difficultés à faire un budget unique mais présente plusieurs versions selon les scenarii probables. Le port ne s’arrête pas en marche. Il continue d’investir et prévoit de continuer ses efforts sur le terminal de NFTI, le prolongement du terminal multivracs et les études pour l’installation d’un terminal méthanier. Quels impacts la crise aura-t-elle sur les investissements? « Ils seront mineurs. Nous avons un noyau dur à respecter pour une remise à niveau des infrastructure. Nous pouvons imaginer un décalage de certains travaux sur 2010 en fonction de la situation économique », a continué la présidente du directoire. Parmi les noyaux durs figurent le futur terminal méthanier qui sera installé sur le site du Clippon pour EDF. « Même si les ports concurrents du nord de l’Europe prévoient aussi des terminaux méthaniers, il existe un marché pour notre projet. EDF ne se lance pas à l’improviste dans une opération de cette envergure », a souligné Pierre Joly, directeur commercial du port. Les études doivent continuer au cours de l’année et le calendrier prévoit une mise en service en 2014.
Enfin, ce bilan a été l’occasion de faire le point sur le réforme portuaire. « La place portuaire y travaille activement », a souligné la future présidente du directoire. Le projet stratégique est actuellement en cours de négociation. Il prévoit un état des lieux sur les forces et les faiblesses du port, les enjeux d’amélioration de certaines filières en regard de la compétitivité et de la fiabilité. Il doit aussi mettre en lumière les distorsions de concurrence sur les problèmes douaniers et phytosanitaires. Il comprendra en outre un volet industriel et environnemental. Sur la manutention, « nous avons fait un premier tour de piste avec les partenaires sociaux et les entreprises locales. Nous commençons à percevoir l’architecture de notre nouveau paysage portuaire », a indiqué Martine Bonny. Franck Gonsse, secrétaire général du syndicat des ouvriers dockers se réjouit de cette réforme. « Pour une fois nous avons un vrai plan stratégique. En 1999, nous avons créé Seabulk, en 2001 nous avons créé NFTI OU. Nous avons de l’avance par rapport aux autres ports français, ces deux terminaux sont sous commandemant unique. Nous nous sommes mis d’accord sur une réforme socialement et économiquement fiable. » Forte de cette unanimité, Martine Bonny a même lancé l’idée de faire entrer dans le directoire un représentant d’un port belge.