Sur fond de crise, Sea Invest, l’un des plus grands opérateurs portuaires bordelais, poursuit sans faiblir ses investissements sur le terminal de Bassens. En 2008, 24 M€ ont servi, entre autres, à la construction de cuves d’une capacité de 20 000 m3 destinées au biocarburant de Saipol et Diester Industries. Dédié au trafic d’urée conditionnée en big-bags de 500 à 1 000 kilos, un nouveau hangar a surgi et un bâtiment de 7 000 m2, avec chaîne d’ensachage, sera bientôt terminé. Un hangar de 18 000 m2 a également été rénové pour le stockage des gommes synthétiques de Michelin. Enfin, l’opérateur belge a acquis de nouveaux terrains sur Bassens aval étendant désormais son domaine sur près de 300 000 m2. « Vu la conjoncture, on se réjouit que tous ces investissements soient terminés », constate Franck Humbert, responsable de Sea Invest Bordeaux. « 2008, a, en effet, a été une année noire pour le port, qui a subi la grève des grutiers d’avril à juillet, ce qui a conduit à des pertes de tonnage vracs de 100 000 t au minimum et de 3 000 à 4 000 conteneurs. Juste après est venue se greffer la crise économique, faisant baisser l’activité d’environ 25 %. Certains trafics ont même été divisés par trois ou quatre ».
Pour Sea Invest, cependant, le solde reste positif en cette fin 2008. « La rentabilité n’a pas été là pendant les grèves, mais nous nous en sortons grâce à la diversité de nos prestations », assure Franck Humbert. Pour 2009, malgré un marché jugé « très instable », le pessimisme n’est pas de rigueur. Beaucoup d’importateurs sollicitent Sea Invest pour des réservations de surface à moyen et long termes. L’enveloppe d’investissement de 22 M€ pour 2009 n’est de fait pas remise en question. Des dossiers d’autorisation sont en cours pour la construction de cuves (20 000 m3 au total), via la filiale Sea Tank, réservées au trafic de vracs liquides, telles des solutions azotées (engrais, colle, bitume, etc.). Sont prévues également la construction d’un hangar de 12 000 m2 pour « une nouvelle activité » et une extension potentielle de 15 000 m2 de hangar pour Michelin. De plus, Sea Invest se verrait bien étendre son domaine sur Bassens amont ou le Verdon. Enfin, grand défi de l’année à venir pour cette société qui pèse 80 % de la manutention portuaire bordelaise: le rachat de l’outillage et le transfert de main d’œuvre. Après des discussions informelles, une première réunion officielle était prévue ce 15 décembre. Sea Invest s’est, en effet, positionnée sur Bassens aval et amont ainsi que sur le Verdon via la société Verdon Aquitaine Terminal. « Nous sommes fortement intéressés. Cette réforme est logique, c’est un maillon manquant dans nos prestations, et elle est nécessaire, Bordeaux étant un port de tramping et non de lignes régulières, ce qui demande de s’adapter vite et en souplesse lorsque les trafics sont là. Cependant, on a conscience que cela peut être périlleux pour nous sur le plan économique car de fortes sommes sont en jeu », analyse l’opérateur privé, qui se dit « prêt à gagner ce défi ».