« La décision que nous venons de prendre, à l’unanimité, est importante pour le port de Cherbourg », a commencé d’emblée le président de la Région de Basse Normandie, Laurent Beauvais. Quatre candidats ont déposé un dossier pour la concession du port du Cotentin: une société de Singapour, la CCI du Cotentin, cette dernière associée à Louis Dreyfus Armateurs et un consortium formé par Véolia et les CMN (Constructions mécaniques de Normandie). Les deux derniers dossiers ont été retenus par les PNA pour figurer dans la « Short List ». Après plusieurs réunions de travail, le syndicat mixte des ports de Basse Normandie a décidé de confier cette DSP (Délégation de service public) au consortium entre la CCI du Cotentin et Louis Dreyfus Armateurs. « Cette offre nous a paru plus pertinente puisqu’elle présente un projet pour le futur », a souligné le président de la Région.
Le choix en faveur du consortium CCI-C et LDA s’est fait selon plusieurs critères. En premier lieu, le candidat doit soutenir l’activité transmanche « dans le respect des opérateurs en place ». Sur le port du Cotentin, Brittany Ferries assure la majeure partie du trafic vers la Grande-Bretagne. Pour Louis Dreyfus Armateurs, le maintien des trafics à Brittany Ferries ne fait aucun doute. « Il n’y a pas de place pour deux opérateurs sur ce port et nous laissons la place à l’opérateur actuel », a rappelé Pierre Gehanne, directeur général de Louis Dreyfus Armateurs. Brittany Ferries se montre un peu circonspect et attend de voir l’évolution de la situation. Pour les administrateurs de PNA, « nous devons jouer notre rôle de veiller à ce que les choses se déroulent comme nous l’avons prévu. » Et Laurent Beauvais de confier que des développements pourraient se faire sur le roulier. Le second critère pris en compte vise à s’engager sur un développement significatif de nouvelles activités. Le consortium prévoit un trafic entre 5 Mt et 6 Mt de charbon sur le port normand déchargé sur le site cherbourgeois par des navires de type capesize. Les produits seront déchargés sur des barges pour accéder au port car les conditions nautiques ne permettent pas l’accès aux capesizes dans le port. Ce charbon sera ensuite transbordé sur des caboteurs vers le sud de la Grande-Bretagne pour alimenter les centrales thermiques locales. Est-ce durable? « Nous ne pouvons pas le confirmer mais nous le souhaitons », a indiqué le président de la Région. Parmi les critères figure aussi un engagement financier des délégataires. La CCI et LDA anticipent un investissement de 3 M» sur le terminal. Viennent ensuite des conditions sur le maintien des emplois portuaires et le respect de normes environnementales.
L’unanimité en faveur de la proposition présentée par la CCI-C et LDA a tenu, selon les administrateurs des PNA, au manque d’innovation du consortium Veolia/CMN. « Il a prévu de faire porter une lourde charge financière sur la collectivité alors que le premier table sur un équilibre de cette délégation », a expliqué un responsable de la Région. En préférant l’offre de la CCIC et de LDA, « nous avons privilégié l’immédiateté des solutions. L’électroencéphalogramme du port est plat depuis plusieurs mois, nous devions agir », a souligné Jean-François Legrand, président du Conseil général de la Manche.
Cette délégation de service public est signée pour 12 ans sur le port ouest, pour les activités transmanche. Sur la partie orientale du port, l’accord s’étend sur trois ans avec, au terme de ce premier contrat, un nouveau contrat en fonction des réussites du port et de la stratégie définie par PNA.
Lors de cette conférence de presse, les administrateurs du port de Cherbourg ont dressé un bilan rapide des projets du port du Cotentin. Le projet de FastShip, armateur qui devait s’installer sur les quais pour faire du conteneur maritime à grande vitesse, est rangé dans les cartons. Il n’a plus d’intérêt, souligne PNA. Un autre projet de création d’autoroute de la mer entre Cherbourg, l’Irlande, la Norvège, la Grande-Bretagne et l’Espagne (l’ENA, European Shortsea Network) n’a toujours pas trouvé de concrétisation. « Nous conservons des contacts », indique Jean-Michel Sevin, directeur du Syndicat Mixte Régional des ports de Caen-Ouistreham et de Cherbourg. L’autre dossier qui va maintenant occuper les élus régionaux concerne le désenclavement routier. Le port de Cherbourg a besoin de 9 km d’autoroutes pour améliorer sa desserte, pris par tiers entre la Région, le Département et l’État. « Les deux collectivités locales ont pris à leur charge leur part, il reste à l’État de s’engager sur les 3 km restants », a rappelé le président de la Région.