C’était l’époque des Renault 12 et de leurs grandes sœurs, les R16, fabriquées à deux pas du port du Havre, dans l’usine de Sandouville, aujourd’hui en proie à d’importantes difficultés économiques. Le 12 septembre 1973, le centre roulier du Havre ouvre ses portes. Comme si les choses avaient été savamment calculées, le premier navire attendu s’appelle Autoroute! Il vient charger 475 voitures neuves à destination de la Grande-Bretagne. À l’époque, le centre roulier comptait trois postes à quai: deux pour le maritime, un pour le fluvial. Quant au terre-plein, il s’étend sur 12 ha.
35 ans plus tard: du centre roulier initial, il ne reste que des souvenirs et quelques photos jaunies. Aujourd’hui, cet équipement n’a plus rien de commun avec ce qu’il fut en 1973. Le centre roulier s’étend désormais sur une surface multipliée par six par rapport à l’origine, soit 72 ha. Pour charger et décharger, le nombre de postes est passé en 35 ans de trois à sept, dont trois postes « deep sea », deux pour le « short sea » et deux pour les barges fluviales. À cela s’ajoutent deux faisceaux ferroviaires. Résultat: au plan européen, le centre roro se situe aux alentours de la quinzième place en volume de voitures neuves: soit un demi million par an. Il y a dix ans, le centre havrais traitait 200 000 voitures chaque année. Mais aujourd’hui, l’équipement est confronté à une inconnue de taille: le ralentissement de la croissance de l’industrie automobile mondiale. Quatre opérateurs exploitent les infrastructures du centre roulier: Gefco, filiale du groupe automobile PSA Peugeot-Citroën, Höegh Autoliners, CAT, ancienne filiale logistique de Renault, et WalonFra. Aux côtés de ces opérateurs, trois sociétés (Roussel, Manucar et SMR) se chargent de la manutention des véhicules en tout genre. Car, outre les voitures qui transitent par le port du Havre, comme la toute dernière Koléos Renault, fabriqué en Corée, le centre roulier voit passer des engins parfois spectaculaires, comme les véhicules de travaux publics de Caterpillar ou des tracteurs et des voitures de collection. « Quels que soient les véhicules, il y a, au Havre, une véritable qualité des opérations, souligne Pascal Marti, le responsable du centre roulier au port autonome. Il y a une grande qualité de travail en matière de manutention, un travail sérieux dans la préparation. J’ai pu constater à l’extérieur, dit-il, que tous les centres rouliers n’ont pas ce niveau-là de qualité ».
Profondément restructuré en 2003, puis entièrement organisé pour répondre aux exigences ISPS depuis 2005, le centre roulier du Havre offre encore de fortes capacités de développement puisqu’il pourrait accueillir jusqu’à un million de véhicules par an. Comment assurer cette expansion? Comme toujours, il s’agit d’un travail de fond destiné à convaincre les constructeurs d’utiliser la plate-forme havraise plutôt qu’une autre. Des discussions sont d’ailleurs en cours avec un constructeur de gros véhicules notamment.
Côté trafic maritime, le centre roulier reçoit chaque année près d’un millier d’escales avec des navires de plus en plus gros. Les rouliers actuellement en service peuvent transporter plus de 8 000 voitures. C’est beaucoup en nombre d’unités, mais relativement peu en poids, comparé à un porte-conteneurs.