Les opérateurs surfent sur la croissance

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Dans son rapport semestriel, le groupe chinois Cosco Pacific rappelle les principales données économiques qui ont prévalu. « Au cours de cette période, la détérioration de l’économie américaine liée à la crise des subprimes, conjuguée avec une hausse du prix des carburants et la dépréciation du dollar ont sérieusement touché l’économie mondiale. Malgré ces changements, les exportations et les importations chinoises ont continué de croître à un taux de 21,9 % à 666,6 Md$. Dans ces conditions, la demande en conteneur a été tirée vers le haut. » Une situation qui joue en faveur des ports, notamment chinois mais aussi à la réception. Alors, comme pour les armements, les groupes de manutention ont profité de cette conjoncture favorable. Sur le premier semestre de l’année, les premiers indices de la décroissance du camp occidental ne se sont pas encore faits sentir. Les volumes et les résultats financiers conservent leur bonne santé des années passées.

L’augmentation des revenus financiers des opérateurs tient d’abord à la croissance de volume, pendant le premier semestre, des trafics conteneurisés dans le monde. Ensuite, cette hausse est aussi rattachée, selon certains opérateurs, à la hausse des prix des prestations. Le groupe de Dubaï attribue 44 % de la hausse des revenus liés à cet élément.

La hausse des tarifs de manutention

Enfin, le gonflement du chiffre d’affaires est aussi lié à la prise en compte des terminaux nouveaux entrés dans le portefeuille de ces opérateurs. Ce fut le cas, par exemple, pour APM Terminals, la filiale manutention du groupe danois AP Moller, qui a pris position à Xiamen (Chine), Tanger (Maroc) et Téma (Ghana). Pour DP World, la croissance externe s’est aussi faite sur le continent africain avec Dakar (Sénégal), Sokhna (Égypte), ou encore au Proche-Orient avec le terminal Ma’alla, dans le port d’Aden (Yemen), ainsi qu’en Europe à Tarragone (Espagne). Le manutentionnaire philippin, Ictsi, surfe sur cette vague. Les nouveaux terminaux mis en activité au cours de ce semestre entrent pour 20 % du volume total traité au cours de ce semestre, note le manutentionnaire de Manille. Ces nouveaux terminaux sont situés en Équateur, en Syrie, en Géorgie et en Chine. Les opérateurs trouvent de la croissance sur des marchés « en expansion », selon leur expression. La Chine accuserait un premier tassement de sa progression, selon le manutentionnaire de Dubaï. Une donnée confirmée par le manutentionnaire de Hong-Kong, Hutchison Ports Holding. La progression du volume a été partiellement absorbée par une diminution de 5 % des conteneurs traités dans le port de Yantian. Un élément contredit par Cosco Pacific, filiale manutention du groupe étatique chinois. La Chine fut le moteur de sa croissance au cours de ces six premiers mois de l’année. APM Terminals pointe du doigt l’Amérique du nord pour expliquer ses premières déconvenues. « Globalement, explique le rapport intérimaire du groupe danois, le nombre de manutention est en hausse de 9 %. Après l’exclusion du portefeuille nord américain, APMT enregistre une hausse de 13 %. » Sur le premier semestre, les ports de l’ouest américain affichent des pertes de trafic. Le port de Los Angeles Long Beach enregistre une diminution de 6,13 % de son trafic à 4,4 MEVP. Même son de glas pour le port d’Oakland qui prévoit une perte de 2,8 % de son trafic conteneurisé annuel. Encore une fois, ces exemples sont peut être des cas isolés desquels il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives. Il ressort malgré tout que les prémices d’une crise pourraient rapidement se répercuter sur le monde portuaire.

Ces indices de tassement de la croissance dans les économies occidentales dont les ondes pourraient se faire rapidement sentir en Chine, incitent les groupes de manutention à regarder vers d’autres leviers de croissance. DP World note dans son rapport la bonne tenue des terminaux en Inde, au Pakistan et en Australie. APM Terminals met l’accent sur ces projets à Salalah (Oman) et Tanjung Pelepas. Ses prises de position récentes au Vietnam démontrent encore la stratégie de diversification de ses implantations.

Une bagarre pour les ports grecs

Sur les derniers mois, ces groupes ont largement montré leur intérêt pour les ports européens. Au sud, une bagarre acharnée pour les ports grecs du Pirée et de Thessalonique a départagé Hutchison Ports Holding et Cosco Pacific. Dans le nord du continent, à Rotterdam, APM Terminals investit pour y accroître sa présence. Hutchison y prévoit d’ouvrir pour la fin de l’année son nouveau terminal Euromax. De son côté, DP World a démarré les travaux du futur London Gateway.

L’avenir se joue sur un autre registre. Les opérateurs anticipent une fin d’année difficile mais qui n’affecterait pas les résultats financiers annuels. Souhait ou réalité, les armements annoncent un tassement de la croissance sur les prochains mois en raison de la crise américaine dont les effets pourraient se faire sentir jusque dans les ports asiatiques et européens. Traditionnellement les rapports financiers intérimaires tentent de donner les premiers éclairages sur l’année entière. Cette année, les rédacteurs de ces documents ne se sont pas livrés à cet exercice.

Hutchison Ports Holding entre à Thessalonique

Le 1er août, un consortium mené par Hutchison Ports Holding (HPH) a remporté la concession pour développer et aménager un nouveau terminal à conteneurs dans le port grec de Thessalonique. Il comprend, outre le manutentionnaire chinois, une société pharmaceutique grecque, Alapis et sa filiale LYD. Le contrat de concession prévoit le versement de 419 M€ représentant les droits de ports sur les 30 ans de durée du contrat. D’autres droits seront versés au cours de la période. Trois candidats ont postulé pour ce contrat. Outre le consortium formé par Hutchison, l’un qui a rassemblé DP World et la Piraeus Bank et l’autre avec Cosco Pacific, n’ont pas obtenu gain de cause. Ce dernier a remporté la concession du terminal du Pirée en juillet. Thessalonique se place à la seconde place des ports grecs, derrière Le Pirée. Il s’étend actuellement sur 3 ha avec 595 m de quai à 12 m de tirant d’eau. Le nouveau terminal à conteneurs augmentera de 36 ha la surface du port et doublera la longueur des quais à 1 770 m avec un tirant d’eau à 15,8 m. John Meredith, directeur général de HPH, s’est dit enchanté de la décision de l’autorité portuaire. « Avec la croissance de ce port et le développement de son hinterland, notamment vers les Balkans, il est idéalement situé. »

Résultats semestriels des principaux manutentionnaires (en M€)

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