Au journaliste qui lui demandait en plein mois de juillet s’il allait rester à son poste, Guy Janin répondait encore: « il faudra qu’on me le propose et que j’accepte ». Quelques jours plus tard, l’arrivée de son successeur en provenance de Dunkerque, Jean-Claude Terrier, était officiellement annoncée et acceptée par le conseil d’administration du PAM.
À 61 ans, Guy Janin qui a fait valoir ses droits à la retraite, clôt une étape difficile de sa carrière. L’ex-DG de VNF savait que Marseille Fos n’était pas un long fleuve tranquille. Le cours suivi ne l’aura pas détrompé. Succédant le 5 décembre 2005 à Éric Brassard, éloigné pour son opposition frontale à la CGT, Guy Janin montrait un tout autre style. Plus policé, il renouait les fils du dialogue tout en traitant d’importants dossiers: mis à terme du projet Fos 2XL, extension de Fossilisation, lancement de Fos 3XL et 4XL. Il a également renforcé la position du port dans le domaine de l’énergie avec l’étude de deux projets majeurs: le terminal méthanier de Shell et le dépôt pétrolier d’Oiltanking-Mediaco. Sur les bassins Est, bien accusé d’être un gardien intransigeant du domaine portuaire par ceux qui rêvent de voir l’opération Euroméditerranée s’emparer du rivage, il aura quand même bouclé des dossiers délicats: les Terrasses du Port, un super-complexe de commerces et de loisirs au cœur de la Joliette et la concession à un groupement d’opérateurs privés du terminal croisière (môle Léon Gourret) contre la promesse d’un trafic d’un million de croisiéristes d’ici 2011.
Jugé plutôt consensuel par la place, Guy Janin n’aura pas passé l’obstacle de la réforme portuaire. Ce serviteur de l’État et du service public donnait le sentiment d’être circonspect sur le changement face, il est vrai, à un patronat en pointe dans ce combat. L’épisode où il aura tenté, fin avril, de concilier l’irrédentisme CGT et la foi en l’économie privée en proposant un schéma d’application lui aura été fatal. La place portuaire lui reprochera la dérive trop importante de son compromis qui préservait encore trop de part publique dans l’établissement.
Visiblement exténué par une tâche qui l’a sans cesse conduit au devant de la scène, Guy Janin n’établira pas le plan stratégique du futur Grand port maritime de Marseille, un terme qu’il n’appréciait guère, préférant celui, anglo-saxon, d’autorité portuaire.
« Le port de Marseille est un formidable outil. Quand on regarde la somme des projets et l’intérêt qu’on nous manifeste, il y a de quoi être optimiste. Il faut que le port de Marseille devienne une vraie équipe. Un beau challenge. Très intense », confiait-il lors d’une de ses dernières interviews. Un message qu’il ne manquera pas de passer à son successeur, Jean-Claude Terrier, 56 ans, dont le nom avait déjà été évoqué lors du remplacement d’Éric Brassart.