C’est « le meilleur résultat semestriel de ces dix dernières années », a déclaré le directeur général de l’Autorité portuaire Hans Smits le 19 août. Le trafic en sortie a progressé de 5,2 % et celui en entrée de 8,6 %.
Les vracs solides ont augmenté de 10,5 % à 47 Mt. Le transbordement des produits agroalimentaires (céréales, semences et aliments pour bétail) a progressé de plus de 1 Mt pour dépasser 5 Mt. Plus de 80 % ont été constitués par les importations pour compenser les mauvaises récoltes de 2007 en Europe. Le trafic de charbon a atteint 14 Mt (+ 9 %). La demande allemande a été plus élevée en raison de la fermeture programmée de mines en juin. En outre, les dommages consécutifs à un tremblement de terre ont réduit la production d’une mine en Sarre. Rotterdam va donc assurer des livraisons par rail au second semestre.
Le trafic en transbordement de minerai de fer et de ferrailles a augmenté de 14 % à plus de 21 Mt. Les entrées de minerais ont été perturbées jusqu’à la fin juin par suite de l’engorgement des ports de chargement. Les stocks de Rotterdam ont donc baissé. Rotterdam est le principal port d’accès européen au minerai de fer (40 % du marché), d’où l’acheminement se poursuit par rail et voie d’eau. Son principal fournisseur est la compagnie brésilienne Vale (ex-Companhia Vale do Rio Doce). L’augmentation des prix du minerai de fer, continue depuis 2005, a culminé à 70 % cette année. En outre, par suite de la capacité limitée des minéraliers, les coûts de transport ont doublé en trois ans jusqu’à environ 15 $ la tonne, mais la faiblesse du dollar favorise les importateurs européens. La demande d’acier est donc restée élevée, malgré le ralentissement économique dans l’Union européenne et aux États-Unis. Ainsi, la production européenne d’acier s’est maintenue à 108,4 Mt (108,5 Mt au premier semestre 2007). Les aciéries ont investi pour accroître leurs capacités de production. En janvier, le sidérurgiste allemand ThyssenKuppSteel a mis en œuvre un nouveau haut-fourneau et remis en service en avril son haut-fourneau 1, après un arrêt de deux mois pour entretien. Ses hauts-fourneaux de Duisbourg sont alimentés en minerai par barges à partir de Rotterdam. En février, ArcelorMittal a rouvert le sien à Liège. Les autres gros clients de Rotterdam sont Voest Alpine (Autriche), Dilinger Hüttenwerke (Sarre) et Stahlwerke (Brême) qui appartient également à ArcelorMittal.
Les exportations de ferrailles sont passées en un an de 700 000 t à 900 000 t, surtout à destination de la Turquie. Les aciéries turques utilisent en effet des hauts-fourneaux électriques qui fonctionnent plutôt avec des ferrailles qu’avec du minerai de fer et des cokes.
En revanche, le trafic de transbordement des autres vracs secs (minéraux pour la fabrication du verre, papiers, aciers et produits chimiques) ont diminué de 8 % à 6 Mt,alors qu’il croissait régulièrement depuis 2002. Pour une fois, la principale raison de cette baisse, qui profite à Anvers, n’est pas d’ordre économique mais due à la perte de consignations de kaolin et de « copeaux de marbre », faute d’espace d’entreposage.
Les vracs liquides ont progressé de 9 % à 99 Mt. Le trafic de pétrole brut a augmenté de 11 % à 51 Mt. La diminution de capacité de déchargement du Maasvlakte Oil Terminal, due à une collision au début de 2007, est en grande partie compensée par l’usage plus intensif des autres quais. Rotterdam est aussi le premier port européen d’importation de pétrole brut. Environ, la moitié des importations arrive à sept terminaux reliés à cinq raffineries situées dans le port et dont la capacité totalise 1,15 M de barils par jour (environ 58 Mt/an): Shell, BP, Esso, Kuwait Petroleum et Koch. L’autre moitié est acheminée par oléoducs vers les raffineries de Godorf/Wesseling et de Gelsenkirchen (Allemagne), de Flessingue et d’Anvers. Le trafic de produits pétroliers a atteint près de 30 Mt, la demande se maintient à 50 Mt et les marges de raffinage restent bonnes.
Les autres vracs liquides ont augmenté de 18 % à plus de 18 Mt, répartis presqu’également entre les entrées et les sorties. Il s’agit de produits chimiques, d’huiles végétales et animales, de graisses, de jus de fruits et de biocarburants. Les trafics de biodiésel, de bioéthanol et d’huiles végétales, qui ont presque doublé en six mois, devraient continuer à croître jusqu’à la fin de l’année.
Au cours du premier semestre, le trafic des marchandises générales a crû de 4 % à 67 Mt et celui des conteneurs de 7 % à 55 Mt et de 4 % à 5,4 MEVP. Le ratio tonnes/nombre indique que le nombre de conteneurs vides a baissé de 6 %, par suite des mesures prises par les grands terminaux. Le trafic roulier a progressé de 3 % à près de 9 Mt. Toutefois, il a baissé à partir de juin à la suite du ralentissement de l’économie britannique.
Les autres marchandises générales ont diminué de 18 % (− 900 000 t), par suite de la fin de l’exploitation des navires lash à la fin de 2007 et de la conteneurisation croissante des fruits et des métaux non-ferreux. L’Autorité portuaire tente de compenser cette baisse de trafic par le transbordement de fers et aciers, de papiers et d’éléments de projets industriels. Cela ne fait pas une grande différence en volume, mais ce secteur en croissance est de qualité élevée et financièrement intéressant pour les manutentionnaires.