Selon l’International Maritime Bureau de Londres, il y a eu 114 actes de piraterie au premier semestre 2008, contre 126 un an auparavant. Ensuite, le nombre d’actes de violences varie selon leur type. Des pirates sont notamment montés à l’abordage de 71 navires (71), en ont détourné 12 (13), ont pris 190 navigants en otage (152), en ont enlevé 6 contre rançon (41), en ont blessé 19 (19) et en ont tué 7 (3). En outre, nouveauté depuis 2004, sept navigants sont portés disparus et considérés comme morts. Le nombre d’attaques réelles au cours des six premiers mois de chaque année, très élevé en 2003 (185), a diminué régulièrement en 2004 (133) et 2005 (101) puis s’est stabilisé ensuite: 85 en 2006, 84 en 2007 et 83 en 2008. Le premier semestre 2008 se caractérise par une recrudescence des prises d’otages dans les régions à risques: 94 dans le golfe d’Aden, 63 en Somalie, 12 au Nigeria et 9 en Indonésie. Les patrouilles navales et aériennes des États riverains du détroit de Malacca ont considérablement réduit les attaques (2 comme l’année précédente),qui persistent dans tout l’archipel indonésien mais diminuent.
En Somalie, outre l’affaire du trois-mâts français Le-Ponant dont l’équipage avait été libéré sain et sauf et une partie de la rançon récupérée par la Marine française en avril, un détournement comptabilisé en mai a trouvé son épilogue le 8 juillet. Des pirates somaliens ont en effet quitté le navire allemand Lehman-Timber, détourné le 28 mai dans le golfe d’Aden et conduit vers un petit port de pêche du nord de la côte somalienne (Puntland). D’après l’organisation kenyane de protection des marins Seafarers Assistance Programme, une rançon de 750 000 $ a été versée au nom de l’armateur et l’équipage (5 Russes, 4 Panaméens, 2 Ukrainiens et 3 Asiatiques) a été laissé à bord sans eau, ni vivres, ni carburant. Les autorités autonomes du Puntland ont dénoncé le versement de la rançon, estimant que cela ne ferait qu’encourager les pirates.
Au Nigeria, Lagos est considéré par l’International Maritime Bureau comme le port le plus dangereux du monde avec 12 des 18 attaques dans le pays au premier semestre. Le Nigeria, 8e exportateur mondial de pétrole, doit faire face a une forme particulière de piraterie: le détournement dans le delta du Niger de barges-citernes, dont la cargaison est transbordée sur un pétrolier pour être revendue sur le marché international. Ainsi le 11 juillet, deux patrouilleurs nigérians ont intercepté le Lina-Panama au large du terminal pétrolier de Brass (État de Bayelsa dans le sud). Le volume de pétrole ainsi volé, ou prélevé sur les oéloducs, est estimé à 100 000 barils par jour et le manque à gagner quotidien de 14 M$. Il s’ensuit une diminution de la production nationale du pétrole qui entraîne une hausse des prix. Devant les pressions internationales, le président nigérian Umaru Yar’Adua a annoncé, lors du sommet du économique du G8 (début juillet, Japon), qu’il déposera bientôt une proposition à l’ONU visant à mettre un terme à ce trafic.
Vers une coopération européenne contre la piraterie
Les ministres des Affaires étrangères allemand Frank-Walter Steimeier et estonien Urmas Paet préconisent une mission européenne sur la piraterie dans la Corne de l’Afrique.
Lors d’une rencontre à Berlin en juillet, ils ont déclaré souhaiter parvenir à un accord avec leurs homologues de l’Union européenne sur ce sujet lors de leur réunion formelle du 22 juillet à Bruxelles. En un an, plus d’une cinquantaine de navires de l’UE ont été attaqués au large de la Somalie. Ces derniers mois, les plus visés battaient pavillons allemand, français, estonien et espagnol.