À Marseille, le siège de la CMA CGM n’est pas loin d’atteindre sa hauteur définitive qui en fera la plus grande tour de Marseille. Du haut de ses 147 m, cette construction marquera « une nouvelle page de l’urbanisme marseillais ». Et une nouvelle étape dans le développement du troisième armement mondial en EVP qui déroule son nouveau siège dans la perspective des deux précédents. Fin 2009, la tour pourra accueillir 2 700 employés dans des conditions de travail exceptionnelles.
« Avec cette vue, le soleil, la qualité de vie dans cette région, comment les Parisiens pourront résister? Certains sont encore réticents à venir nous rejoindre ici. » Tanya Saadé reçoit la presse pour une première visite de chantier du futur siège de la CMA CGM. Au treizième étage d’une tour qui en comportera 33, elle partage l’extase des visiteurs devant le panorama qui se déroule tout autour du plateau à la paroi vitrée. À l’ouest, le port où le ballet des ferries et des ro-ro s’ouvre sur la baie de Marseille et son château d’If. Sur les autres points, la zone d’Euroméditerranée s’étend sous l’œil bon enfant de la Bonne Mère. Quelque temps auparavant, Yves Bonnel, architecte DPLG et conseiller immobilier du prestataire aura tenu à rassurer les inquiets. Le faîte de la tour CMA CGM ne dépassera pas en hauteur Notre-Dame-de-la-Garde sur sa colline. Elle s’élèvera à 147 m alors que la couronne de la Vierge à l’enfant plane à quelque 230 m d’altitude, plus près du ciel. N’empêche, fait remarquer Tanya Saadé, la tour conçue par la prestigieuse architecte Zaha Hadid forme « un trait d’union entre la mer et la terre, le port et la ville ».
Un défi architectural et technologique
Ses fondations sont solidement enracinées à quelque 28 m de profondeur dont 20 sous le niveau de la mer. Au treizième étage, la perspective sur l’entrelacs de passerelles autoroutières permet de comprendre le génie de l’architecte. Dans un espace impossible, « un véritable trou », le bâtiment semble fendre le nœud de circulation automobile comme le ferait l’étrave d’un navire. Cette impression de mouvement (« une fusée sur son aire de lancement ») que n’ont pas les tours cubiques, est renforcée par le parti pris esthétique tout en courbes. Un véritable défi technologique, reconnaît Manuel Estèves, le directeur du chantier conduit par GTM. L’armature des poteaux en béton (au nombre de 1 172 et de section et cintrage différents) va accueillir une double peau de verre qui joue la profondeur sur les façades.
Au rythme d’un étage par semaine, le chantier est en avance. Aujourd’hui, le noyau central a atteint son 29e niveau et les plateaux qui l’entourent le vingtième. D’ici cet automne, la tour aura atteint sa taille définitive. Il restera à attendre fin 2009 pour qu’elle soit livrée équipée avec ses 14 ascenseurs ultrarapides, dont deux panoramiques qui conduiront aux derniers étages directoriaux. Coût de la facture? « Un projet qui va dépasser les 200 M€ », concède Tanya Saadé. L’an dernier, Jacques Saadé avait parlé de 220 à 250 M€ alors que lors du lancement de sa construction, il y a trois ans, le chiffre de 100 M€ avait été avancé.
Conçu pour accueillir 2 700 employés, le prochain siège offrira à tous une large ouverture sur la ville et le port, un « open space » permanent. Loin de la situation actuelle. Du treizième étage, on distingue à l’entrée de la porte d’Arenc un empilement de constructions modulaires, type Algeco, où s’entassent depuis des mois plusieurs centaines de salariés. Il vient rappeler les terribles besoins de l’armement en bureaux. Sur les 2 000 employés actuels qu’il compte à Marseille, seuls 1 000 occupent le siège, les autres se répartissent à travers six sites dans la ville. « Ici, tous viennent mesurer chaque jour les progrès du chantier. »