Le trafic fluvial affiche une certaine sérénité dans ces moments difficiles de grève dans les ports français. François Bordry, président de Voies navigables de France, annonce une hausse de 2 % en tonnage sur les cinq premiers mois de l’année. Au chapitre des hausses figurent les produits énergétiques, les engrais et les céréales. Dans la colonne passif de ce bilan fluvial sur cinq mois, les conteneurs montrent des signes de faiblesse. Sur le Rhône et la Seine, les trafics diminuent. Au départ de Marseille-Fos, les pertes sont estimées à 39 %. « À l’inverse, le Rhin affiche une croissance y compris le port de Mulhouse qui avait perdu des trafics de Peugeot en conteneurs », note le président de VNF. Les ports français rhénans ont des débouchés à Anvers et Rotterdam. Ils bénéficient en effet d’un report des trafics des marchandises destinées aux ports français et détournées en raison des grèves. « Un tiers des trafics fluviaux français se fait avec un port maritime. Quand un port est paralysé par une grève, la chaîne logistique terrestre et par voie de conséquence, le fluvial, sont touchées. »
Si les grèves liées à la réforme impactent directement les trafics fluviaux, l’adoption de ce texte est important, selon le président de VNF. « Nous allons vivre un changement culturel. Désormais, les conseils d’administration des ports maritimes, à savoir le directoire et le conseil de surveillance, devront s’intéresser de près à leur desserte terrestre. » Obliger les ports à regarder plus attentivement les pré et les post acheminements est un élément positif pour François Bordry qui place ses inquiétudes à un autre niveau. « Ce changement législatif risque de ne pas provoquer de changement culturel. » Et il incite les grands ports maritimes à prendre des positions dans les ports intérieurs, comme peuvent le faire les concurrents d’Europe du Nord. « Je crois en des solutions dédiées comme l’a fait le directeur général de Marseille-Fos en créant un quai fluvial sur le futur terminal de Fos 2 XL. » L’écluse fluviale de Port 2000? « La réforme n’apportera rien de plus. Le projet est aujourd’hui contré par des associations écologistes. Nous devons continuer d’expliquer le bien-fondé de ce projet », continue le président de VNF.
Coopérer avec la SNCF
Tourné vers l’avenir, François Bordry pose des jalons d’une nouvelle coopération avec la SNCF. « Nous devons travailler ensemble avec l’opérateur ferroviaire. La seule ligne combinant le fer et le fleuve est celle reliant Le Havre à Gennevilliers et le port alte séquanien à Chalindrey. D’autres doivent se faire. » Pour avancer sur ce dossier, le président de VNF a rencontré Guillaume Pépy, président de la SNCF. Ils ont posé le principe de la création d’une structure commune dédiée au fret, entre les deux établissements. « Après Géodis, société spécialisée dans la logistique et la messagerie, la SNCF doit maintenant s’intéresser au fluvial », souligne François Bordry. Une idée bien reçue par toutes les parties concernées.
Le transport fluvial a tous les atouts pour se développer dans les conditions économiques actuelles de hausse du prix du pétrole. Les entreprises du transport fluvial subissent, comme les autres modes, les répercussions de cette hausse. « Nous militons pour que soient appliquées aux bateliers les mêmes conditions que celles prévues pour les routiers », indique le président de VNF.
Enfin, concernant Seine-Nord, le calendrier devrait être tenu. Le 24 juin, le Conseil d’État a donné son approbation sur ce dossier. Quant à la mission sur le financement, menée par Yves Cousquer et Bernard Scemama, elle devrait rendre son rapport dans les prochaines semaines. Elle a pour tâche de statuer sur la faisabilité et les conditions d’un partenariat public-privé.
