Après deux mois de tourmente sociale, c’est le calme plat sur le port de Marseille-Fos. Avant une nouvelle tempête? Les agents du PAM ont repris le travail le 19 juin au bout d’une semaine de grève, Ce jour-là, les attendaient 43 navires sur rade dont 26 pour les activités pétrole, 13 pour les activités marchandises et 4 navires pour la réparation navale.
La situation s’est donc détendue après le vote de la loi sur la réforme portuaire à l’Assemblée. Mais rien n’a progressé. Ici, tout le monde a conscience que les prochaines évolutions dépendront des discussions entre partenaires sociaux. À condition qu’elles s’engagent. Pour l’instant, le temps suspend son vol et tout reste au niveau formel. La veille du vote, Pascal Galéoté, secrétaire CGT du PAM, avait reconnu qu’un débat public devrait s’engager. Une balle que devait saisir le président de l’UPE 13 en acceptant la proposition. Sans succès.
Le souci des professionnels de la place est d’enclencher le processus applicatif au plus tôt. Pour Marc Reverchon, président de l’UMF, « une fois la volonté nationale exprimée, nous espérons pouvoir nous asseoir à la table des négociations ». Et d’ajouter: « Il faut signer la paix et voir devant nous ». De son côté, l’Union patronale « appelait entreprises et agents portuaires à se retrouver sur une ambition commune: que Marseille redevienne le premier port de la Méditerranée! »
Le jour même où les députés adoptaient le texte définitif, l’UMF se réunissait en assemblée générale. Marc Reverchon exhortait les adhérents « à tenir bon ». « Nous avons fait un bon parcours. La loi est votée ce 18 juin, acceptons l’augure de la date. Mais il faut être conscient qu’il ne s’agit là que d’une étape. Maintenant, il faut réussir la réforme dans les faits ». Celui qui a été un des principaux initiateurs de cette réforme ira jusqu’à dire que « le vrai challenge commence maintenant ». Et d’alerter: « si la mise en place ne se fait pas de manière intelligente, les bassins Est seront morts du point de vue commercial ». « La loi sur la réforme portuaire est une boîte à outils, la question est de bien l’utiliser ».
Du temps au temps
Avec la fin de l’étape législative, la réforme portuaire exigera presque deux ans pour entrer dans les faits. Le calendrier de la nouvelle gouvernance portuaire (directoire et comité de surveillance) devrait se boucler en janvier prochain par la publication du plan stratégique. Plus ardue sera l’étape du transfert des portiqueurs et grutiers du PAM dans les entreprises de manutention. À vrai dire, ces dernières ont des divergences sur la manière de passer à l’acte. Loin des micros, les manutentionnaires avouent que les paramètres sont mouvants et que le nombre des agents transférés dans leurs entreprises dépendra du prix qu’on leur proposera pour l’achat des portiques et des grues du PAM. Cela promet une belle foire d’empoigne! Les deux ans d’application qu’ils se fixent déjà coïncident avec un autre calendrier, celui de Fos 2XL. Sa mise en service devrait intervenir début 2010, les nouveaux terminaux conteneurs exploités par Port Synergy et MSC devraient absorber une partie des quelque 250 agents du PAM qui devraient rejoindre leurs effectifs. Auparavant, il faudra régler la nouvelle organisation autour des portiques: affectation de trois portiqueurs pour deux portiques (au lieu de deux pour un portique actuellement), intégration dans la « tourne » des dockers mensualisés… et celle du personnel de maintenance technique dans une entreprise privée, car à Marseille-Fos, on ne veut pas voir se renouveler l’erreur du port du Havre.
Dernière minute
À 14 h le 24 juin, les agents hydrocarbures de Fos-Lavéra ont débrayé, afin de participer à une assemblée générale organisée par la CGT. Le point de la situation a été effectué. Décision a été prise de participer, avec l’ensemble des autres services du PAM, à la journée nationale et hebdomadaire d’arrêt de travail du 26 juin à l’appel de la FNPD-CGT.