Avec près de 250 Mt transportées l’an dernier, les routes fluviales allemandes ont battu un nouveau record. Rhin, Danube, Main, Elbe… Jamais les 7 500 km de fleuves et canaux que compte le pays n’avaient connu pareil trafic. Selon nombre d’observateurs, la tendance devrait s’accélérer: les professionnels du secteur tablent sur une croissance de 5 à 10 % par an. Ce succès s’explique en grande partie par le rôle croissant joué par le transport fluvial auprès des ports de la façade maritime allemande. « Les routes de l’hinterland sont très engorgées », explique Rüdiger Staats, le porte-parole du port de Brême. « Dans ce contexte, la navigation intérieure offre une solution très intéressante. » La hausse du prix de l’essence ou la volonté des expéditeurs d’afficher une image plus écologique jouent aussi un rôle.
« Le transport fluvial n’est pas rapide. Mais bien souvent, il permet des livraisons plus ponctuelles que celles effectuées par camion », analyse, pour sa part, Sebastian Doderer, chargé du marketing au port de Hambourg. « Or ce critère est devenu très important. » Du coup, les principaux ports allemands acheminent ou expédient une quantité grandissante de marchandises via le réseau de voies navigables. Hambourg a ainsi enregistré 11 200 mouvements de péniches en 2007 pour un volume supérieur à 12 Mt, soit 14,8 % de plus. Même tendance à Brême dont le bilan fluvial progresse de 14,3 % pour atteindre 6,4 Mt. « Cette progression va même sensiblement s’accentuer à partir de 2012 avec la fin programmée des travaux d’aménagement sur le canal Mittelweser entre Brême et Minden (100 km plus au sud) qui pourra alors accueillir des péniches de gabarit supérieur », annonce Rüdiger Staats.
Autre phénomène favorisant l’essor des voies navigables allemandes: le manque de place croissant sur les plates-formes de la façade maritime, avec l’explosion du trafic conteneurisé. Les compagnies maritimes s’intéressent ainsi de plus en plus aux possibilités offertes par les hubs d’hinterland allemands. CMA CGM et NYK ont ainsi inauguré en avril un terminal conteneurisé à Duisbourg, le premier port intérieur européen. Et Mærsk va investir 20 M€ à Neuss-Düsseldorf pour bâtir un terminal d’une capacité de 200 000 EVP annuel.